Président de Pharmacie humanitaire internationale (PHI) depuis 2016, Alain Berthon a pris la parole au Congrès national des pharmaciens pour expliquer les actions menées par son association depuis le début de la crise ukrainienne. Il est sur le pont depuis le 24 février 2022, date de l’entrée des troupes russes dans ce pays, pour orchestrer l’aide humanitaire du secteur de la pharmacie.
Une organisation bien huilée
Au début de l’opération, le président de PHI a consulté les 31 associations du territoire pour savoir lesquelles avaient des locaux suffisamment grands pour stocker les dons. Les antennes d’Auch (PHI Gers), St-Amand-Montrond (PHI Berry), Troyes (PHI Champagne-Ardennes) et Liévin (PHI Nord-Pas-de-Calais) ont été choisies. Un important travail de secrétariat et de comptabilité (pour que tout soit parfaitement organisé et que chacun puisse vérifier la bonne prise en compte de son don) a très vite été mis en place. Et deux missions ont été menées à bien : une par la Moldavie, l’autre par la Pologne, « puisqu’il y a 3 millions de déplacée ukrainiens en Pologne, soit 10 % de la population, ce qui est énorme ! », commente Alain Berthon.
Médicaments neufs achetés grâce aux dons
L’aide à l’Ukraine se compose de médicaments neufs achetés avec les dons en argent des pharmaciens, mais aussi de fondations de mutuelles, d’associations, de laboratoires, de clubs services comme le Rotary. En effet, depuis 2009, la loi interdit de donner des médicaments récupérés : ces derniers doivent obligatoirement être détruits (pour des raisons de sécurité sanitaire et pour contrer les problèmes de trafic). Elle se matérialise également par des dons en matériel médical apportés par les pharmaciens, les groupements, les laboratoires dont certains « ont même des notices en polonais et ukrainien pour leurs pansements ». Les patients des officines ont aussi acheté des compresses et autres dispositifs pour les donner à leur pharmacien dans le cadre de collectes pour l’Ukraine.
« La générosité de la profession a été remarquable », précise Alain Berthon. « C’est une crise qui, vu son ampleur, s’inscrit dans la durée. La phase d’après sera celle de la reconstruction et sera à l’évidence très longue ». Pour le moment, chacun est dans l’action, et PHI travaille plus particulièrement avec des structures de soins en Ukraine, comme l’hôpital de Kharkiv ou un hôpital pour enfants à Lviv, qui sont dans des situations absolument dramatiques.