La triple épidémie grippe-Covid-bronchiolite de l’hiver 2022-2023 a marqué les esprits par les difficultés d’approvisionnement en médicaments, en particulier des formes pédiatriques. C’est ce qui a motivé l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) à mettre en place un plan spécifique dès l’hiver suivant, plan qu’elle a reconduit pour la saison 2024-2025, en collaboration avec les acteurs de la chaîne du médicament (industriels, grossistes, pharmaciens). Le but ? Limiter les tensions d’approvisionnement et ainsi assurer la couverture des besoins des patients de manière équitable.
Pour y parvenir, l’ANSM a identifié une dizaine de molécules à surveiller en priorité, notamment pour leur usage marqué en hiver et pour les tensions d’approvisionnement qui les ont touchées lors des saisons précédentes, tout en gardant un œil sur l’ensemble des stocks de médicaments utilisés dans les pathologies hivernales. Cette surveillance concerne donc plusieurs familles de médicaments : des antibiotiques, des traitements indiqués en cas de fièvre, des produits contre l’asthme et des corticoïdes.
Suivi des stocks et de l’épidémiologie
En amont de l’activation de son plan 2024-2025, l’agence a mobilisé les industriels avant l’été pour une meilleure anticipation des besoins ainsi que tous les acteurs de la chaîne pour qu’ils l’informent de toute difficulté d’approvisionnement. Le plan a officiellement été activé le 10 octobre dernier comptant non seulement sur le suivi de l’approvisionnement et des remontées de terrain mais aussi de la situation épidémiologique.
Différentes mesures peuvent être déclenchées dès qu’un problème est identifié : recommandations de bon usage auprès des professionnels de santé et des patients, mise en place de protocoles de soins alternatifs avec les sociétés savantes, possibilité pour le pharmacien de remplacer un médicament indisponible par un autre en s’appuyant sur une liste d’équivalence, préparations pharmaceutiques spécifiques, importation de médicaments, interdiction d’exportation par les grossistes, prohibition de la vente en ligne de produits en tension, contingentement des stocks, restriction du circuit de distribution…
Sanctions financières
Ainsi, afin d’assurer une bonne répartition sur le territoire, dès le mois de juillet 2024, l’ANSM a exigé que la distribution de l’amoxicilline et de l’amoxicilline-acide clavulanique dans leurs formes pédiatriques, deux antibiotiques très utilisés en saison hivernale, passe exclusivement par les grossistes. De même, pour faire face à des tensions d’approvisionnement en clarithromycine liées au contexte d’épidémie de coqueluche, l’agence a demandé aux laboratoires de privilégier le circuit des grossistes-répartiteurs.
En sus d’actions de communication, notamment sur Mon espace santé, l’ANSM publie chaque semaine un tableau actualisé de l’état des stocks à différents niveaux de la chaîne du médicament. A noter que les industriels ont, depuis 2021, l’obligation de constituer des stocks de sécurité couvrant 2 à 4 mois des besoins français en médicaments essentiels, stocks qui peuvent être débloqués quand la situation l’exige. Les laboratoires ne répondant pas à cette obligation peuvent écoper d’une sanction financière, ce qui a été le cas de 6 d’entre eux en 2023 pour un total de 560000 euros et de 11 autres en 2024, à hauteur cette fois de 8 millions d’euros.