Alors que la rentrée universitaire vient de se dérouler, il est intéressant d’en dresser un premier bilan. Dans l’ensemble des facultés de pharmacie, on dénombre 1100 places qui resteront vacantes pendant l’année scolaire 2022/2023, soit autant de pharmaciens qui ne seront pas diplômés en 2027. « À une époque où nous manquons de bras pour effectuer l'ensemble des missions qui nous sont confiées, c'est absolument catastrophique », a dénoncé vigoureusement Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Or ce n'est pas la première fois qu'un tel problème est évoqué, même si cela était moins grave : en 2021-2022, alors que la réforme des études de pharmacie n'était pas totalement en place, 163 places de seconde année de pharmacie n'avaient pas été attribuées.
Une réforme aux effets délétères
Comment en est-on arrivé là ? La faute à la dernière réforme en date des études de santé, qui a été « très mal conduite », selon Philippe Besset. Initialement, l’accès en seconde année se faisait en respectant un numerus clausus : le nombre d’étudiants autorisés à poursuivre leurs études dans la voie pharmaceutique était fixé à l’avance, indépendamment des notes des candidats. Dans le cadre de la réforme en cours, ce système a été remplacé par un numerus apertus, dans lequel seul le nombre minimum d’étudiants admis en deuxième année est fixé préalablement. L’admission en année supérieure est conditionnée à l’obtention de la moyenne aux examens. Or « les programmes sont beaucoup trop chargés » comme l'expliquent dans un communiqué commun l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf), les syndicats de pharmaciens, l'Ordre des pharmaciens et la Fédération nationale des syndicats d'internes en pharmacie et biologie médicale (FNSIPBM) daté du 21 septembre. Des représentants de la profession qui pointent également « un grand manque d'attractivité pour les professions pharmaceutiques avec des modules de présentation des métiers mal exploités et des voies professionnelles restant méconnues des étudiants ». Près de 30 % des places de deuxième année resteront donc vacantes, d'autant qu'il semble acté par les ministères qu'il n'est « pas possible de revenir en arrière pour cette année ».
Alors que des problématiques comparables ont été relevées du côté de la formation des sage-femmes et des kinésithérapeutes, le ministre de la Santé, François Braun, a précisé que cette vacance de postes fera partie des sujets abordés dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR) consacré à la santé, qui débutera le 3 octobre prochain.