La mannequin canadienne Winnie Harlow, qui souffre de vitiligo au niveau du visage mais aussi du corps, en a fait un atout. Elle défile pour les plus grands créateurs de mode et contribue en cela à changer la vision qu’a le grand public de cette maladie. Car cette pathologie, caractérisée par la présence de taches de dépigmentation sur la peau, demeure une maladie stigmatisante.
Pas de contagion possible
Les plaques blanches typiques du vitiligo correspondent à des zones de peau où les cellules qui fabriquent la mélanine, c’est-à-dire le principal pigment de la peau, ont disparu. Les plaques de vitiligo sont généralement asymptomatiques, c’est-à-dire qu’elles ne grattent pas, ne brûlent pas et ne font pas mal. « Elles ne sont pas contagieuses », insiste le Pr Passeron, chef d’équipe à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et membre de la Société française de dermatologie. « Et il ne s’agit pas non plus d’une maladie psychologique ! Elle est liée à un mécanisme auto-immun », c’est-à-dire lié à un dysfonctionnement du système immunitaire de la personne.
Un vitiligo, plusieurs formes
Il existe deux formes principales de vitiligo. Dans la version « segmentaire », les taches concernent une seule partie du corps. Dans le vitiligo « généralisé », les zones apparaissent de façon symétrique sur tout le corps : le visage, mais aussi les mains, les pieds, les articulations ou les organes génitaux.
Une maladie uniquement dermatologique
Le vitiligo est une maladie de peau relativement fréquente. En effet, elle touche 0,5 à 2 % de la population selon les études. Les hommes et les femmes sont atteints avec la même fréquence. Le vitiligo débute dans 80 % des cas avant l’âge de 30 ans. Les autres organes ne sont pas touchés par la maladie, et les personnes qui en souffrent ne sont pas plus à risque de présenter un cancer de la peau, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Au contraire, elles ont en réalité trois fois moins de risque de faire un mélanome, c’est-à-dire un cancer de la peau.
Le fait de souffrir d’un vitiligo n’a pas d’impact direct sur la durée de vie des personnes concernées. Cependant, il faut garder en tête que cette maladie a des retentissements psychologiques très importants, souvent comparables à ceux de la dépression, de l’hypertension artérielle ou même de certains cancers.
Traiter tôt
« Nous avons des traitements qui permettent aujourd’hui de repigmenter la peau, notamment sur le visage qui est la zone qui répond généralement le mieux », explique le dermatologue. Et de préciser : « Quand un vitiligo est en train de s’étendre, il doit être traiter en urgence. » Selon les premiers résultats de l’étude ERASE en cours aux CHU de Bordeaux et de Nice, qui se penche sur la possibilité de traiter la maladie très tôt, il semblerait qu’une prise en charge précoce donnerait de meilleurs résultats en termes de repigmentation.
Quels traitements pour repigmenter la peau ?
Actuellement, les traitements proposés permettent d’atténuer les symptômes de la maladie. En premier lieu, c’est la photothérapie à base d'UV B qui est proposée. Cette technique stimule la production des cellules responsables de la pigmentation cutanée.
« Aujourd’hui, on peut avoir une repigmentation complète ou quasi complète des zones du visage dans 60 % à 80 % des cas », explique le Pr Passeron. « Le temps de traitement est long pour obtenir des résultats : il faut entre 6 et 24 mois. Les mains et les pieds restent cependant très difficiles à repigmenter ».
Un nouveau traitement, se présentant sous forme de crème, est très efficace pour la repigmentation du visage et dans une moindre mesure pour le corps. Baptisé ruxolitinib, cette molécule devrait être disponible en juillet aux Etats-Unis et en fin d’année en Europe. C’est une avancée importante car le ruxolitinib constituerait alors le premier traitement approuvé pour le vitiligo chez les adultes et les enfants de plus de 12 ans.
Une recherche dynamique
« La recherche sur le vitiligo est très active. Pour les zones difficiles, une nouvelle classe de médicaments prometteuse est en cours de développement au CHU de Nice », indique le Pr Passeron. « Il y a beaucoup de traitements en cours d’évaluation qui sont à administrer soit par voie orale ou par voie cutanée. Pour bénéficier de ces traitements, il faut se rendre notamment dans les 3 centres experts, au CHU de Bordeaux, CHU de Créteil, CHU de Nice. Certains essais sont parfois aussi disponibles dans d’autres CHU en France. »