A l’occasion d’une matinée sur le thème « Les biosimilaires, des médicaments comme les autres ! » organisée par l’Association française de lutte antirhumatismale (Aflar), l’Observatoire national des médicaments biosimilaires (ONB) a présenté sa dernière enquête. Menée du 15 septembre 2023 au 29 février 2024 auprès de 432 patients traités avec des médicaments biologiques - dont 241 sous biosimilaire, elle montre que ces traitements restent encore mal connus, même par ceux qui les prennent.
Un vélo et un avion
Qu’est-ce qu’un biosimilaire ? Il s’agit d’une copie d’un médicament biologique d’origine dont le brevet est tombé dans le domaine public. Il contient la même substance active que le biomédicament d’origine, avec le même dosage et la même forme pharmaceutique. Le concept est le même que le médicament générique qui, lui, est une copie d’un médicament chimique d’origine. Son nom diffère cependant parce qu’un médicament biologique, du fait de sa composition à partir d’une source biologique (cellule, bactérie, levure), ne peut être copié à l’identique. En outre, les exigences réglementaires en termes d’études cliniques sont plus élevées pour un médicament biosimilaire en raison de la complexité des biothérapies. Aussi, le cancérologue et radiothérapeute Alain Tolédano illustre la différence entre médicaments chimique et biologique au contraste entre un vélo et un avion.
Les premiers biosimilaires ont été commercialisés en 2006, mais leur développement reste encore limité en France. S’ils ont réussi à convaincre les hospitaliers, ils tardent à s’imposer en ville. Mais avec un recul de près de 20 ans en vie réelle, les pouvoirs publics et les autorités sanitaires semblent vouloir prendre un nouveau tournant. Ainsi, les pharmaciens sont autorisés depuis 2022 à substituer le biomédicament par un biosimilaire pour deux molécules (les hormones de croissance filgrastim et pegfilgrastim), un droit de substitution qui devrait s’élargir début 2025 à de nouveaux groupes. C’est dans ce cadre que l’ONB a mené son enquête en ligne auprès de patients recrutés par des pharmaciens.
Livre blanc
Les résultats ? Comme en 2020, un patient sur deux sous biothérapie n’a jamais entendu parler des biosimilaires. Parmi les 191 personnes utilisant un médicament biologique d’origine, un tiers indiquent que leur médecin leur a proposé de passer à un biosimilaire alors que 83% d’entre eux y sont favorables en raison de leur efficacité identique (80%), de la réduction des coûts qu’ils représentent pour la collectivité (11%) ou de l’amélioration qu’ils apportent (9%). Chez les patients déjà sous biosimilaire, 60% font confiance à leur traitement et 83% le considère aussi efficace que le biomédicament d’origine. Tous confondus, près d’un patient sur deux estime ne pas avoir reçu le bon niveau d’information sur son traitement de la part de son médecin. A contrario, 83% de ces mêmes patients jugent que leur pharmacien a une bonne connaissance de leur traitement.
En cohérence avec les enseignements de cette étude, l’Aflar propose notamment, dans son livre blanc, de renforcer le message selon lequel « le médicament biosimilaire est un médicament comme les autres », de « lutter contre les idées reçues du grand public, des patients, voire des professionnels de santé » sur les biosimilaires, ce qui doit passer par un accompagnement pour améliorer les connaissances de tous. Elle suggère en outre de s’appuyer sur « le rôle d’expert » du pharmacien en matière de bon usage, de conseil et d’accompagnement des malades chroniques.