La kétamine est un médicament stupéfiant injectable utilisé en milieu hospitalier pour réaliser des anesthésies. Il est également employé depuis plusieurs années pour prendre en charge les douleurs chroniques ainsi que les douleurs rebelles, c’est-à-dire celles qui ne sont pas soulagées par les autres médicaments antalgiques habituellement utilisés. Outre cet usage médical, il se trouve que la kétamine est connue pour son usage détourné ou récréatif : en effet, elle a des propriétés psychotropes, c’est-à-dire qu’elle agit sur le système nerveux central, provoquant des modifications de la perception, des sensations, de l’humeur ou de la conscience.
Des risques de complications graves
Ces derniers mois, les centres de pharmacovigilance (CRPV) et les centres d’addictovigilance (CEIP) ont noté une augmentation globale du recours à la kétamine utilisée en tant que médicament mais aussi en tant que substance illégale. Il est de plus en plus fréquemment porté à la connaissance de ces organismes des cas de complications graves consécutives à l’administration de cette molécule, ce qui a poussé l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) à émettre une alerte à son propos.
En effet, l’utilisation prolongée et/ou répétée de kétamine - qu’elle se fasse dans un cadre médical ou récréatif - expose les patients à des risques d’effets indésirables. Sont notamment reconnus des risques d’atteintes du foie (inflammation des voies biliaires, diminution de la sécrétion de bile) mais aussi des reins et des voies urinaires (cystite, insuffisance rénale). Des risques de dépendance et d’accoutumance (besoin d’augmenter la dose pour obtenir le même effet) sont également établis.
Vigilance nécessaire
Pour limiter les risques d’atteintes hépatobiliaires et uro-néphrologiques, l’ANSM recommande donc aux personnes prenant de la kétamine de surveiller l’apparition de sang dans leurs urines ou de douleurs pelviennes : ces symptômes nécessitent une consultation médicale pour en vérifier l’origine. Compte tenu du potentiel risque d’abus et d’usage détourné de la kétamine, les patients qui sont traités à domicile par cette molécule doivent rapporter les ampoules non utilisées à la pharmacie hospitalière ou à leur officine pour destruction.