Bien qu’absolument indispensables à l’arsenal thérapeutique, les antibiotiques mal utilisés (par surconsommation ou usage inapproprié) sont les causes principales du développement de l’antibiorésistance qui contribue à diminuer l’efficacité de ces remèdes. Or, les dernières données de l’ANSM montrent que la consommation des antibiotiques en France est toujours trop importante : la France se place au 5e rang des pays les plus consommateurs d’antibiotiques en Europe. La résistance aux antibiotiques qui résulte d’un mésusage ou d’une utilisation trop importante de ces molécules est un phénomène qui existe depuis de longues années et qui se développe de façon préoccupante dans le monde, amenant l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à alerter sur cette situation en la qualifiant de « pandémie silencieuse ». En effet, cette perte d’efficacité des antibiotiques peut aboutir à des impasses thérapeutiques, c'est-à-dire que pour une pathologie bactérienne donnée, plus aucun antibiotique n’est efficace pour traiter l’infection.
Prévenir et expliquer
Dans ce contexte, l’ANSM estime qu’il est indispensable de renforcer les actions visant à réduire cette surconsommation, ce qui permettrait de limiter les problèmes de pénuries, notamment lors des épidémies hivernales, et d’éviter le développement de bactéries résistantes. Pour cela, elle vient de mettre en place de nouvelles recommandations de bon usage des antibiotiques visant à la fois les professionnels de santé (médecins, chirurgiens-dentistes et pharmaciens) et les patients. L’agence rappelle ainsi que pour mieux prévenir les infections et limiter leur transmission, il est essentiel de respecter les gestes barrières, d’insister sur l’intérêt de la vaccination et sur celui de ne jamais pratiquer d’automédication avec des antibiotiques. Côté professionnels de santé, outre un rappel sur les durées de traitement adaptées dans la plupart des pathologies infectieuses courantes (otites et angines bactériennes, infections bucco-dentaires, pneumonies…), l’ANSM les enjoint à communiquer le plus possible auprès de leurs patients sur la raison de non-prescription d’antibiotique dans des infections virales et l’intérêt de mesures pouvant soulager des symptômes. En cas de doute au moment de récupérer vos médicaments prescrits, n’hésitez pas à en parler à votre pharmacien qui saura vous expliquer la raison de l’absence d’antibiotique pour traiter votre pathologie ou qui vous rappellera le cas échéant, l’importance de suivre au mieux la posologie du traitement antibiotique qui figure sur votre ordonnance ainsi que celle de ne pas l’arrêter avant son terme prévu, même si les symptômes ont disparu.