« Des remontées de terrain font état d’un usage détourné d’Ozempic chez des personnes non diabétiques dans un objectif de perte de poids », ont annoncé l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et l’Assurance maladie dans un communiqué. Ce médicament, contenant du sémaglutide est une spécialité injectable, disponible uniquement sur ordonnance, indiqué dans le traitement du diabète de type 2 insuffisamment contrôlé.
Les deux instances ont donc réuni des associations de patients (Fédération française des diabétiques (FFD), France Assos santé (FAS) ainsi que des représentants des professionnels de santé pour discuter de ces détournements et leur faire part des actions mises en œuvre.
D’où vient ce mésusage ?
A l’origine, l’engouement pour Ozempic est né sur TikTok et les réseaux sociaux d’influenceurs australiens et américains, vantant les propriétés amaigrissantes du traitement injectable. Mais ce médicament qui s’auto-injecte sous la peau du ventre, de la cuisse ou de la partie supérieure du bras par les patients diabétiques, commercialisé en France depuis 2019 par Novo Nordisk, est strictement réservé à ces malades. Il leur permet d’augmenter la quantité d’insuline libérée par le pancréas après l’ingestion de nourriture et ainsi de réguler leur glycémie.
Deux problèmes sont rencontrés avec ce mésusage : le détournement d’Ozempic fait courir un risque d’une moindre disponibilité du traitement pour les diabétiques de type 2 qui en ont réellement besoin ; et « ce médicament peut entraîner des effets indésirables graves, tels que des troubles gastro-intestinaux, des pancréatites ou des hypoglycémies ».
A quel point le mésusage est-il développé en France ?
L’ANSM et l’Assurance maladie ont effectué une estimation du mésusage dans notre pays, en analysant les données des délivrances en pharmacie sur la période allant du 1er octobre 2021 au 30 septembre 2022. Ces chiffres montrent « qu’environ 600 000 patients ont reçu un médicament de la classe des analogues du GLP-1 (la classe à laquelle appartient le sémaglutide) dont 215 000 patients la spécialité Ozempic. Parmi ces patients, 2 185 bénéficiaires d’Ozempic peuvent être considérés comme non diabétiques selon les estimations de l’Assurance maladie ». Sur la base des seules données de remboursement, les deux institutions estiment donc le mésusage potentiel pour la spécialité Ozempic à environ 1 %.
Cette fraude est donc réalisée à très petite échelle dans notre pays, notamment grâce à la vigilance des pharmaciens capables d’identifier les fausses ordonnances et donc de refuser les dispensations injustifiées. « Bien qu’à ce jour, les détournements semblent limités selon les données disponibles, et qu’aucun signal de sécurité n’a été identifié, [l’ANSM rappelle] qu’Ozempic doit être prescrit uniquement pour le diabète de type 2 insuffisamment contrôlé, conformément à son AMM. »