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Maladies génétiques : du nouveau grâce à la recherche

Illustration - Maladies génétiques : du nouveau gr

Par angellodeco

Pour la plupart incurables, les maladies génétiques bénéficient cependant des progrès de la science. Tour d’horizon des espoirs de traitements en cours de développement.

La myopathie myotubulaire ou la renaissance de Jules

C’est Anaïs, sa maman, qui le dit : Jules, 4 ans, est né deux fois. Le 3 avril 2016, au terme de sept mois de grossesse, Jules arrive au monde atteint d’une myopathie myotubulaire le rendant hypotonique, c’est-à-dire avec une très faible tonicité musculaire qui l’empêche notamment de déglutir normalement. Sa seconde naissance remonte, elle, au 29 janvier 2020, après qu’il a bénéficié d’une thérapie génique dans le cadre d’un essai clinique. « Désormais on fêtera cet anniversaire-là », affirme sa maman qui n’a pas de mots pour remercier la chercheuse du Généthon Ana Buj Bello, laquelle a travaillé pendant 20 ans à la mise au point de cette thérapie apportant une copie saine du gène MTM1 défectueux responsable de l’atteinte musculaire.
Un cap historique avait déjà été franchi concernant une autre maladie traitée de la même façon par une seule injection de thérapie génique issue des recherches du Généthon : l’amyotrophie spinale sévère, entraînant elle aussi une hypotonie extrême. Le traitement, désormais disponible pour de très jeunes enfants, a obtenu une autorisation de mise sur le marché aux États-Unis en 2019, puis en Europe et au Japon en 2020.

Progéria : l’espérance de vie augmentée

La Food and Drug Administration (FDA) américaine a approuvé, le 20 novembre 2020, un médicament permettant d’augmenter l’espérance de vie des enfants atteints de progéria, également appelée syndrome de Hutchinson-Gilford. Cette maladie génétique rare (100 à 200 cas sont recensés dans le monde) est liée à une mutation du gène LMNA conduisant à la formation d’une protéine anormale, la progérine. Elle se caractérise par un vieillissement accéléré des cellules dès le plus jeune âge (alopécie, peau fine, ridée, sans graisse), associé à des troubles osseux, musculaires et cardiovasculaires. Ces enfants, vieux avant l’âge et dont l’espérance de vie est de 12-13 ans en moyenne, décèdent généralement des suites d’athérosclérose, d’un infarctus du myocarde ou d’un accident vasculaire cérébral.
Développé par la société californienne Eiger BioPharmaceuticals, ce nouveau traitement, nommé Zokinvy, vise à  bloquer la production et l’accumulation de la progérine. Si ce médicament ne permet malheureusement pas la guérison de ces enfants, il augmente cependant leur espérance de vie de deux ans et demi, selon une étude menée par l’institut américain Progeria Research Foundation (Massachusetts).

Maladie de Huntington : un traitement dans les tuyaux

La maladie de Huntington ne se manifeste généralement pas avant l’âge de 30 ans, hormis quelques formes pédiatriques et juvéniles. Elle n’en est pas moins cruelle, évoluant tardivement mais sûrement vers des symptômes multiples : atteinte motrice avec des mouvements involontaires – la fameuse chorée –, troubles de la posture, de l’équilibre, de la déglutition, perte d’inhibition, apathie, lenteur…
Source d’espoir pour tous ces patients, un essai clinique du médicament Tominersen de Roche/Genentech a été lancé début 2021 avec pour objectif final de proposer un traitement capable, pour le moins, de ralentir la progression de la maladie. Il consiste à injecter dans le liquide céphalo-rachidien, c’est-à-dire le liquide dans lequel baignent le cerveau et la moelle épinière, des petites séquences d’ARN qui vont cibler l’ARN messager responsable de la production de la protéine anormale qui provoque la maladie. Des premiers essais de cette thérapie génique avaient été pilotés par le Pr Sarah Tabrizi de l’University College de Londres et publiés dans le New England Journal of Medicine en mai 2019. Le traitement avait été administré à 46 patients de 25 à 65 ans à un stade précoce de la maladie. Il a entraîné une baisse de 38 % en moyenne de la protéine défaillante pour les groupes recevant la dose la plus élevée.

Dystrophie musculaire des ceintures : une thérapie à l’étude

Le Généthon devrait lancer, fin 2021, un essai de thérapie génique chez l’homme contre la dystrophie musculaire des ceintures, liée au gène FKRP. Une pathologie rare qui fragilise essentiellement les muscles des épaules et du bassin. Les malades ont des difficultés à marcher et peuvent parfois développer des atteintes cardiaques et respiratoires. Le traitement a d’ores et déjà démontré son efficacité chez l’animal.

Myopathie de Duchenne : feu vert pour un essai clinique

C’est une bonne nouvelle pour tous les petits garçons atteints par cette maladie dégénérative des muscles (la myopathie de  Duchenne touche uniquement les garçons), soit 1 sur 3 500. Le laboratoire de l’Association française contre les myopathies (AFM) a obtenu, le 30 novembre 2020, le feu vert de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour démarrer un essai clinique international visant à évaluer la tolérance et l’efficacité d’une thérapie génique.
L’objectif ? La production d’une protéine fonctionnelle et essentielle pour les muscles. Des résultats prometteurs ont déjà été obtenus sur des chiens atteints, qui sont parvenus à sauter et à courir alors qu’ils en étaient parfaitement incapables avant le traitement.

 

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