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Maladie cœliaque et diabète : le double défi

Maladie cœliaque et diabète : le double défi
La maladie cœliaque est fréquemment associée au diabète de type 1. Pourquoi ? Avec quelles conséquences ?

Selon une large étude parue en 2019, un patient sur cinq atteints de diabète de type 1 (DT1) présente également une autre maladie auto-immune. Parmi elles figure la maladie cœliaque. Apparentée aux maladies auto-immunes, cette maladie cœliaque est induite par le gluten présent dans les aliments, c’est à dire l’ensemble des protéines insolubles dans l’eau présentes dans les farines de blé, de seigle et d’orge. Le système immunitaire du patient reconnait comme étranger, donc à éliminer, ces protéines et cela entraîne une réaction enchaîne aboutissant à une production d’anticorps dirigés contre certains fragments du gluten, mais surtout contre l’enzyme transglutaminase présente dans le corps humain. Une biopsie intestinale sera nécessaire pour confirmer le diagnostic chez l’adulte mais aussi chez l’enfant si le taux des anticorps antitransglutaminase, mesuré dans le sang, est faible. Ces tests doivent être réalisés avant la mise au régime sans gluten car celui- ci peut provoquer un résultat négatif lors des tests diagnostiques.

 

Régime d’exception 

Le régime évitant toute source de gluten demeure le seul traitement de la maladie à ce jour. Il permet  de limiter les lésions de l’épithélium de l’intestin, c’est-à-dire la fine couche de cellules à sa surface en contact avec les aliments digérés. En permettant à ce dernier de cicatriser et donc d’être moins altéré, l’alimentation sans gluten va lutter contre les symptômes associés à la maladie cœliaque, notamment un amaigrissement accompagné de diarrhées et de douleurs abdominales. En outre, il évite les complications telles que l’ostéoporose, l’apparition de maladies auto-immunes extradigestives et, dans des cas exceptionnels chez l’adulte, celle d’un lymphome. Il permet de corriger les carences nutritionnelles qui peuvent à la longue perturber le développement de l’enfant : « Chez l’enfant, la malabsorption des nutriments entraîne la cassure de la courbe de croissance », indique Nadine Cerf-Bensussan, directrice de recherche à l’Inserm et responsable du laboratoire d’immunité intestinale à l’Institut Imagine.

Néanmoins, de nombreuses formes peu ou pas symptomatiques (c’est-à-dire dans lesquelles les patients n’ont pas ou peu de signes de la maladie) représentent entre 0,5 % et 2 % de la population des pays consommant du gluten. À cela s’ajoute le diabète de type 1 qui touche en moyenne 15 enfants de moins de 15 ans sur 100 000. Si cette maladie est souvent associée à une population jeune, « les dernières statistiques montrent qu’elle intervient à tout âge, note Patrick Collombat, directeur de recherche à l’Inserm. Alors que l’on pouvait penser qu’un diabète déclaré chez un quadragénaire était quasi systématiquement de type 2, on s’aperçoit qu’il y a aussi des types 1. Statistiquement, les cas se déclarent presque autant après les 18 ans d’un patient qu’avant. » Le mécanisme de cette maladie est bien connu : « Le système immunitaire détruit sélectivement les cellules bêta du pancréas qui fabriquent l’insuline, cela conduit à une hyperglycémie chronique potentiellement létale sans traitement », précise Patrick Collombat. Par quel biais cet excès de sucre dans le sang pose-t-il problème ? « L’élévation du taux de sucre entraîne une augmentation de la viscosité du sang impliquant de nombreuses complications » comme des lésions vasculaires et donc des risques d’AVC, d’infarctus ou d’artérite des membres inférieurs. Il existe de plus des complications dites « microvasculaires », affectant les petites artères des reins, des membres inférieurs et de la rétine.

 

 Maladies croisées

Selon les études, les risques de développer une maladie cœliaque sont entre trois et dix fois plus élevés chez un patient DT1 que chez un individu sain. « Ainsi, un diabétique a environ 10 % de risque de développer une maladie cœliaque », détaille Jean-François Thébaut, vice-président de la Fédération des diabétiques. Pour autant, les liens entre les deux maladies ne sont pas complètement établis. La génétique joue certainement un rôle important. « On sait que les régions génétiques prédisposant à la maladie cœliaque sont très proches de celles du DT1. C’est notamment le cas des régions HLA », ajoute Nadine Cerf-Bensussan. Il est en outre établi que les deux maladies peuvent être favorisées par des infections à entérovirus. Enfin, on suspecte que les altérations de la barrière intestinale, telles que celles observées dans la maladie cœliaque, encouragent des phénomènes qui pourraient amplifier la réponse auto-immune contre le pancréas producteur d’insuline. « À l’inverse, dans certains modèles expérimentaux, il a été observé que la réponse immune contre le pancréas peut provoquer une réaction inflammatoire dans l’intestin et altérer la barrière intestinale. Ainsi pourraient se créer des cercles vicieux entre l’intestin grêle et le pancréas privilégiant les réponses immunes délétères dans les deux sites », souligne la chercheuse. Pour Jean-François Thébaut, « un patient avec des comorbidités aura plus de difficultés à équilibrer son diabète, notamment dans le cas d’une maladie cœliaque qui impose des contraintes alimentaires fortes ».

L’équilibre du diabète reposant sur l’alimentation, en plus de l’activité physique et du traitement, il n’est pas simple de gérer les apports alimentaires lorsque la liste des aliments autorisés est plus restreinte. Un autre problème des substituts glucidiques est leur manque de fibres. Ces complications alimentaires sont d’autant plus conséquentes que « seules 70 % des personnes atteintes de DT1 ont une glycémie parfaitement régulée avec de l’insuline », relève Patrick Collombat.

Quelles que soient les éventuelles pathologies associées, le diagnostic des patients diabétiques doit être le plus rapide possible. Pour mémoire, « il existe trois signes observables ne nécessitant pas d’examen du patient et qui permettent de détecter un DT1 : une perte de poids, une très forte soif et une augmentation des besoins d’uriner », liste le spécialiste. Si un diagnostic pour le DT1 est posé, l’enfant sera ensuite suivi par des spécialistes très attentifs aux comorbidités et leur repérage fera partie de la routine du suivi.

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