Depuis 2019, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) alerte les professionnels de santé et les patientes sur le risque de méningiome (tumeur qui se développe au niveau des méninges, c'est-à-dire la membrane recouvrant le cerveau) chez les femmes utilisant de façon prolongée et à dose élevée l'acétate de nomégestrol (Lutényl et ses génériques) et l'acétate de chlormadinone (Lutéran et ses génériques).
Ces deux molécules sont des dérivés de la progestérone, utilisées notamment dans la prise en charge de la ménopause, des troubles menstruels et de l'endométriose.
Le risque quantifié
En juin 2020, une vaste étude épidémiologique a permis de quantifier ce risque. D'après les données, une femme qui prend l'un de ces traitements pendant plus de six mois a environ 3,3 fois plus de risque de développer un méningiome par rapport au risque de base.
Il augmente avec la durée du traitement, la dose utilisée et l'âge de la patiente. Ainsi, sous Lutényl, le risque est multiplié par 12,5 à partir de cinq ans de traitement. Sous Lutéran, il est multiplié par 7 pour 3,5 ans de traitement.
Une consultation ouverte à tous
Une consultation publique est organisée et un appel à contributions est lancé par l'ANSM.
L'objectif : mieux connaître les différentes situations dans lesquelles ces médicaments sont utilisés en France, selon quelles modalités, et quelles sont les attentes des patientes et des professionnels de santé concernant ces deux molécules.
Toute personne souhaitant exprimer son opinion sur le sujet peut déposer une candidature pour l'audition ou transmettre une contribution écrite avant le 30 septembre.
À l'issue de la consultation publique, les membres du comité d'experts remettront un avis à l'ANSM sur les conditions d'utilisation du Lutényl, du Lutéran et de leurs génériques pour réduire le risque de méningiome chez les femmes pour lesquelles ces traitements sont justifiés.
Vigilance en attendant
En attendant, les médecins ont reçu des consignes pour modifier leurs prescriptions (réévaluation de la balance bénéfice-risque de ce type de traitement selon le profil de chaque patiente, limitation de la durée de traitement, limitation des posologies aux doses minimales efficaces...). Ils doivent également faire réaliser aux patientes concernées des examens pour vérifier, chez elles, la présence ou non de méningiome.
Si vous avez des questions concernant ce type de traitement, que vous le preniez actuellement ou que vous l'ayez pris précédemment, n'hésitez pas à en parler votre pharmacien.