Plusieurs hypothèses, qui demandent à être catégoriquement confirmées, sont avancées par les chercheurs pour expliquer l'attirance particulière des moustiques pour certains individus.
Selon le Pr Claudio Lazzari de l'Institut de recherche sur la biologie de l'insecte à l'Université de Tours, les personnes qui dégagent le plus de dioxyde de carbone (CO2) ont la cote, comme les femmes enceintes, les enfants, les malades fiévreux. Les sportifs aussi plaisent beaucoup à ces insectes piqueurs, c ar ils sécrètent CO2 et acide lactique. Paradoxalement, leur transpiration durant l'effort les protège car les moustiques snobent les peaux moites. La notion de groupe sanguin pourrait jouer, avec une attractivité plus grande des groupes O et moindre des A.
Les buveurs de bière ciblés
Une certitude : boire de la bière attire les moustiques. "Une étude de l'IRD [Institut de recherche pour le développement, NDLR] comparant les mêmes personnes ayant bu de l'eau ou de la bière montre une nette préférence pour les buveurs de bière", note Claudio Lazzari, qui suspecte des résultats similaires avec tout autre alcool. De même, "les personnes déjà infectées par le paludisme sont davantage piquées".
Quoi qu'il en soit, le phénomène est "très complexe, relève le chercheur. La peau de chacun, combinée avec sa respiration et sa chaleur, crée une multitude de composés volatils". Environ 400 odeurs humaines attirent les moustiques, capables d'en repérer une à plus de 10 mètres. Sans compter un effet cocktail : certaines odeurs les rebutent isolément mais leur plaisent lorsqu'elles sont combinées. Pour corser l'affaire, chaque espèce a ses préférences, et même ses horaires! Et comme il en existe environ 3 500, cela fait de longues journées pour piquer des mollets. Ainsi Aedes aegypti adore les humains et les villes et pique un peu à l'aube mais surtout le soir, quand Aedes albopictus (le fameux moustique tigre qui s'installe en France) aime les hommes autant que les bêtes mais ne pique que durant la journée. Les moustiques aussi font les trois-huit!
Quant à leur appétit pour les peaux "sucrées", Claudio Lazzari est formel, "cela ne veut pas dire grand chose".
