Pour faire face aux pénuries comme celles rencontrées l’hiver dernier avec l’amoxicilline, et aussi contribuer à freiner les dépenses de santé, le gouvernement veut déployer plusieurs remèdes. Ceux-ci figurent noir sur blanc dans le projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 qui a été présenté en conseil des ministres le 27 septembre et doit être examiné en première lecture par les députés du 24 au 30 octobre.
Economiser les antibiotiques
Parmi ces « leviers » destinés à « épargner les volumes disponibles » figure l’obligation pour les pharmaciens, en cas de pénurie de certains antibiotiques, de les dispenser à l’unité pour les économiser.
Cette possibilité de délivrer le nombre exact de comprimés prescrits existe déjà depuis mai 2022 pour des antibiotiques et des stupéfiants tels que la morphine (loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire), mais dans les faits elle est peu usitée.
6 millions d’euros d’économies rien que pour l’amoxicilline
Une simulation réalisée à partir des consommations relevées entre octobre 2022 et février 2023 permet d’évaluer à environ 6 millions d’euros l’économie attendue avec cette mesure uniquement pour l’amoxicilline et l’association amoxicilline-acide clavulanique, soit deux présentations figurant parmi les plus prescrites.
La limite de l’exercice : les formes pédiatriques
Lorsque la nouvelle mesure a été évoquée comme allant être inscrite dans le PLFSS, Philippe Besset, président de la FSPF, le syndicat majoritaire des titulaires de pharmacie d’officine, n’a pas caché ses doutes. « Dispenser des médicaments à l’unité ne résoudra pas du tout les problème des pénuries de médicaments. C’est du bricolage mais on le fera », a-t-il réagi. Il a en effet pointé les limites du dispositif, et même son côté absurde dans certains cas, comme lorsqu’il s’agirait de dispenser à l’unité des formes pédiatriques - soit celles qui ont été le plus difficiles à stocker -, donc des sirops, impossibles à « segmenter ».
D’autres mesures pour économiser les antibiotiques
D’autres solutions destinées à limiter la consommation d’antibiotiques et les dépenses qui y sont liées figurent dans le PLFSS. Comme de donner latitude à l’ensemble des pharmaciens pour délivrer un antibiotique pour une angine ou une cystite, si et seulement si un test diagnostic (appelé TROD) se révèle positif. En cas de rupture de stock, par ailleurs, le texte entend que les médecins recourrent aux ordonnances dites « conditionnelles » nécessitant la réalisation d’un TROD à l’officine. Et enfin, certains médicaments, en particulier des antibiotiques, ne seront plus autorisés à la prescription en téléconsultation.