Jusqu’alors, les infections au virus Oropouche (Orov) se limitaient à plusieurs pays d’Amérique du Sud, d’Amérique centrale et des Caraïbes. Au cours de l’année 2024, des épidémies ont été déclarées au Brésil, en Bolivie, en Colombie, au Pérou et plus récemment à Cuba. Ce virus est principalement transmis par la morsure d’un moucheron, Culicoides paraensis, présent sur tout le continent américain du nord des Etats-Unis à la pointe de l’Argentine, mais absent d’Europe. Cependant, selon un communiqué publié le 9 août dernier par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), pour la première fois des cas importés de cette infection ont été détectés en Europe aux mois de juin et juillet : 12 en Espagne, 5 en Italie et 2 en Allemagne.
Deux premiers décès confirmés
La maladie se manifeste par divers symptômes, principalement par un pic de fièvre brutal associé à des maux de tête, des nausées et vomissements, des douleurs musculaires et articulaires, des éruptions cutanées. Des symptômes qui ne sont pas vraiment spécifiques et qui exigent un dosage par concentration sérique des anticorps spécifiques au virus (test Orov) pour établir le diagnostic. La convalescence peut prendre plusieurs semaines mais cette infection est généralement de bon pronostic et les complications (notamment la méningite) sont rares. Néanmoins, pour la première fois, l’infection à Orov a causé le décès de deux femmes dans l’est du Brésil les 27 mars et 9 mai derniers, respectivement âgées de 21 et 24 ans et sans problématiques de santé préalables connues. Les autorités de santé suspectent le virus d’être responsable d’un 3e décès survenu le 15 avril 2024 dans le sud du pays chez un homme de 57 ans sans comorbidité. Ce cas est toujours en cours d’investigation.
Femmes enceintes : prudence !
Il n’existe ni vaccin, ni médicament spécifique à la fièvre d’Oropouche. Elle requiert généralement la mise en place d’un traitement symptomatique (antalgiques, anti-inflammatoires). Le risque potentiel le plus surveillé actuellement concerne la femme enceinte et l’enfant à naître. En effet, le ministère de la Santé brésilien a récemment signalé 6 cas probables de transmission de la maladie de la mère à l’enfant au cours de la grossesse pouvant entraîner fausses couches, morts fœtales, problèmes de développement et malformations chez l’enfant à naître (microcéphalie). Ces données sont « en cours d’investigation » et rien n’a encore été confirmé pour le moment, précise l’ECDC, qui appelle néanmoins les femmes enceintes à la prudence si elles comptent se rendre en zone épidémique (reporter le voyage, utiliser des répulsifs et une moustiquaire imprégnée, porter des vêtement longs, amples et couvrants).
Surveillance renforcée
Soulignant que les symptômes de la fièvre d’Oropouche sont très proches d’infections comme la dengue, le chikungunya, Zika ou le paludisme, toutes transmises par des insectes, l’ECDC recommande de réaliser le test Orov chez les voyageurs de retour d’une zone épidémique et dès lors que les autres dépistages sont négatifs. De son côté, l’Organisation panaméricaine de la santé s’inquiète de la recrudescence de cas, soulignant que plus de 8000 cas ont été identifiés entre le 1er janvier et la mi-juillet (plus de 7200 au Brésil), dont deux décès, parmi lesquels près de 2900 cas ont été comptabilisés ces deux derniers mois. C’est pourquoi elle a émis, le 1er août dernier, une alerte épidémiologique appelant les Etats membres à renforcer la surveillance du virus.