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La prescription du traitement de la BPCO évolue

La prescription du traitement de la BPCO évolue
Dans les cas de bronchopneumopathie chronique obstructive sévère, la possibilité de prescrire pour la première fois une trithérapie inhalée n’est plus réservée aux spécialistes.

Depuis la fin de l’année 2023, tous les médecins généralistes peuvent prescrire les traitements inhalés destinés à soigner les malades atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) sévère, y compris lorsqu’il s’agit pour le patient de prendre le médicament pour la première fois. Auparavant, cette primo-prescription était réservée aux pneumologues.

La BPCO est une maladie caractérisée par une obstruction des voies aériennes qui se manifeste par des crises d’essoufflement invalidantes. En Europe, elle touche, parmi les personnes de plus de 40 ans, une personne sur 10. Ses symptômes sont souvent négligés ou sous-estimés par les patients qui les attribuent à leur âge, à leur poids, à leur mauvaise condition physique ou à leur tabagisme. La maladie, qui est la troisième cause de mortalité à travers le monde, se développe effectivement à bas bruit et évolue par des exacerbations, c’est-à-dire une dégradation ou une aggravation des symptômes respiratoires (toux, difficultés à respirer appelée dyspnée, expulsion de sécrétions venant des voies respiratoires appelées expectorations). Les exacerbations sont dites sévères lorsqu’elles nécessitent un passage aux urgences ou une hospitalisation.

 

Mortalité accrue

« Mal connue, handicapante, cette maladie est très peu dépistée, elle est un défi majeur pour la médecine générale », analyse Bertrand Legrand. Ce médecin généraliste exerce dans une maison de santé pluriprofessionnelle (Nord) à Tourcoing et il a fait du dépistage systématique de la BPCO l’une de ses priorités. « Même avec une exacerbation, les patients ne sont pas toujours identifiés dans le parcours de soins » déplore Philippe Devillier, pharmacologue au pôle Maladies des voies respiratoires de l’hôpital Foch.

 Chaque exacerbation est responsable d’une diminution de la fonction pulmonaire. Or la simple survenue d’une exacerbation fait « doubler le risque que s’en produise une nouvelle l’année suivante. Plus le nombre d’exacerbations se multiplie dans l’année, plus le risque de récidive augmente. Et plus on fait d’exacerbations, même modérées, plus on est à risque de mortalité. Une exacerbation sévère multiplie le risque de décès par 14 », indique Philippe Devillier. La réduction du nombre d’exacerbations est donc un enjeu pour le système de santé.

 

Médecins et pharmaciens concernés

Cinq trithérapies inhalées (médicaments associant trois principes actif) sont désormais concernées par la modification des conditions de primo-prescription : Trixeo Aerosphere (AstraZeneca), Trimbow (Chiesi), Trydonis (Chiesi), Trelegy Ellipta (GSK), Elebrato Ellipta (Menarini). Ces spécialités ne peuvent être prescrites que chez les patients qui ne sont pas traités de façon satisfaisante par les bithérapies, c’est-à-dire lorsqu’ils continuent à avoir des exacerbations ou des symptômes malgré un précédent traitement.

Lorsqu’il s’agit d’une primo-prescription, le médecin doit avoir réalisé au préalable une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR). Il s’agit de soumettre le patient à une série d'examens permettant d'analyser sa respiration afin de détecter toutes les anomalies. Ils vont notamment permettre de mesurer la capacité respiratoire de la personne, c’est-à-dire la quantité d’air contenue dans ses poumons aux différents stades du cycle respiratoire. Par ailleurs, un suivi par un pneumologue doit être mis en place dans l’année suivant le début de la prise du traitement.

En France, on dénombre en moyenne 77,8 médecins généralistes versus 4,8 pneumologues pour 100 000 habitants. Chez AstraZeneca, on se réjouit donc de cette décision d’élargissement de la prescription, qui devrait permettre de réduire les délais de prise en charge de la maladie. « Les médecins généralistes ont longtemps eu l’impression que la BPCO était une pathologie complexe de pneumologie. C’est la fin de ce dernier frein psychologique », relève de son côté Bertrand Legrand. Quant au pharmacien, il n’est pas en reste dans la prise en charge de cette pathologie : c’est lui qui peut orienter le patient vers un dépistage du souffle lorsqu’il constate qu’il a pris des antibiotiques plusieurs fois dans l’année pour une infection respiratoire. Lui encore qui s’assure que le patient ait bien compris le fonctionnement et la manipulation des produits inhalés. Ou qui lui rappelle l’importance de se rendre chez son généraliste après une hospitalisation liée à un problème respiratoire.

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