Boissons sucrées, pizzas surgelées, friandises chocolatées et charcuteries : ces aliments dits « ultra-transformés » sont de plus en plus consommés par les enfants comme les adultes depuis une trentaine d’années. Pourquoi ? Parce qu’ils sont appétents et pratiques. Pourtant, ils contiennent souvent des additifs et leur réchauffage éventuel peut générer des molécules nocives. Ils peuvent en outre être contaminés par des substances issues des emballages.
Des effets délétères sur la santé
Des chercheurs se sont penchés sur les effets sur la santé de ces produits. L’une de ces études récentes, brésilienne, a été présentée le 1er août à l’occasion de la Alzheimer’s Association International Conference (AAIC) à San Diego, lors d’une session orale virtuelle sur le mode de vie et les facteurs de risque modifiables. Cette « malbouffe » a déjà été associée à des maladies cardiovasculaires et des cancers. Cela suggérait qu’elle pouvait induire une inflammation systémique et un stress oxydatif, et aussi constituer un facteur de risque de déclin cognitif. Pour le vérifier, les chercheurs ont interrogé lors de 3 vagues d’enquête (entre 2008 et 2010, 2012 et 2014 puis 2017 et 2019), les 8 160 adultes de la cohorte ELSA-Brasil, afin d’apprécier la quantité d’aliments ultra transformés que chacun ingérait. En parallèle, ils ont soumis ces personnes à une batterie de tests neuropsychologiques. Les participants ont été répartis en 5 groupes en fonction de la proportion d’aliments ultra transformés consommés, de 0,1 % à 9,9 % pour le premier quintile à 25-75,5 % pour le dernier. Constat : des différences significatives sont apparues entre les patients, notamment un déclin de la fonction exécutive et de la performance mnésique (mémoire) chez les personnes dont la consommation de « junk food » était la plus élevée.
Des résultats quantifiables
La deuxième étude, chinoise cette fois, a été publiée en juillet dans Neurology. Elle a utilisé les données d’une base britannique, la Biobank, dans laquelle plus de 500 000 personnes avaient été incluses, âgées de 37 à 73 ans au départ de l’expérience. Ils ont épluché les données alimentaires d’un groupe de 72 083 personnes âgées de 55 ans et plus et ne souffrant pas de démence. Ils ont également estimé leur consommation d’aliments ultra transformée à partir d’une classification précise. Ensuite, l’incidence de la démence a été évaluée à partir des dossiers d’hospitalisation. Résultat : 518 ont développé une démence dont 287 une maladie d’Alzheimer et 119 une démence vasculaire. En tenant compte de l'âge, du sexe, du niveau d'éducation, du niveau social, du tabagisme, de la consommation d’alcool, de l'indice de masse corporelle (IMC), du sommeil, de la prise totale d'énergie, des antécédents de démence, des maladies cardiovasculaires ainsi que du score d'alimentation saine, il apparaît que la consommation d’aliments ultra transformée est associée à la démence. Et ce résultat est significatif : à chaque hausse de 10 % de la part d’aliments ultra transformés dans l’alimentation, le risque de démence augmentait de 25 % et celui de démence vasculaire en particulier, de 28 % ! Le risque d’Alzheimer était accru également mais moins significativement.
Des risques réversibles
La conclusion des chercheurs n’est en rien désespérante toutefois, puisqu’ils ont calculé qu’en remplaçant une portion de 10 % d’aliments ultra transformés dans l’alimentation par des aliments non transformés ou peu transformés, il serait possible de réduire le risque de démence de 19 % ! Ces travaux démontrent le bénéfice de manger plus sainement, se réjouissent les auteurs, « en augmentant la prise d’aliments peu ou non transformés de seulement 50 g par jour, soit une demi-pomme ou un bol de céréales complètes, et en parallèle en diminuant de 50 g/j la quantité d’aliments transformés, comme une barre de chocolat ou un bâtonnet de poisson pané ».