Interdite dans les médicaments en France depuis 2012 en raison à la fois de son inefficacité et d’effets indésirables sévères, Garcinia cambogia est encore utilisée dans les compléments alimentaires aux allégations de perte de poids. Mais l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a lancé une alerte début mars à l’encontre des compléments alimentaires contenant cette plante aux multiples noms : tamarinier de Malabar, Garcinia gummi-gutta, Gambooge, baie de Brindall…
En effet, la consommation de ces produits est à l’origine d’effets indésirables sévères, « en particulier des hépatites aiguës », c’est-à-dire des atteintes du foie, constate l’Anses. L’agence a mené l’enquête après un cas d’hépatite fulminante qui s’est conclu par le décès du consommateur et « plusieurs autres cas d’effets sévères » signalés par le biais de son dispositif de surveillance des compléments alimentaires (nutrivigilance).
Sans antécédent
En s’appuyant sur les dispositifs de surveillance européens et nord-américains, ainsi qu’en passant en revue la littérature scientifique, elle a ainsi recensé « des cas d’atteintes hépatiques, psychiatriques, digestives (pancréatites) cardiaques et musculaires ». Rien qu’en France, l’Anses a mis au jour 38 signalements d’effets indésirables entre 2009 et mars 2024, ainsi que plusieurs interactions médicamenteuses « de nature à entraîner une augmentation des effets indésirables ou une perte d’efficacité des médicaments ». Si certains effets se sont manifestés chez des personnes ayant des antécédents (troubles psychiatriques, pancréatite, hépatite, diabète, obésité, hypertension…) ou traitées par des médicaments connus pour affecter la fonction hépatique (antirétroviraux, antidépresseurs), des effets sévères ont également concerné des consommateurs sans aucun antécédent.
Allégations à évaluer
Dans ce cadre, l’Anses souligne que des demandes d’évaluation des allégations de santé de Garcinia cambogia – contrôle du poids, réduction du stockage des graisses et de la sensation de faim, contrôle de la glycémie et du taux de cholestérol – ont été soumises à l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa). Ces évaluations n’ont pas encore été réalisées et, dans cette attente, l’utilisation des allégations n’est pas interdite. Un « statut transitoire » susceptible d’induire le consommateur en erreur, regrette l’Anses. Face à cette situation, l’agence française déconseille fortement la consommation des compléments alimentaires à base de Garcinia cambogia à l’ensemble de la population.