Dans son numéro de février 2020, la revue Prescrire s’intéresse aux compléments alimentaires à base de curcuma, cette plante utilisée pour ses propriétés anti-inflammatoires et anti-oxydantes notamment. La revue indépendante, destinée aux professionnels de santé, signale plusieurs études (toutes étrangères) qui recensent des cas d'hépatite cholestatique, une maladie du foie dont les conséquences peuvent être graves, suite à la consommation de compléments alimentaires à base de curcuma. Cette épice serait-elle toxique ? Ou les compléments alimentaires en contenant seraient-ils parfois contaminés par des molécules aux effets toxiques pour le foie ?
Des contaminations qui posent question
En octobre dernier, l'Institut national italien de la santé a publié un rapport d'évaluation signalant 27 cas d'atteintes hépatiques imputées à différents compléments alimentaires dont le point commun était la présence de curcuma. Les analyses n'ont pas permis de déterminer la cause précise de cette série de cas d'hépatites aiguës.
Or, d’autres études ont, par le passé, déjà relevé des atteintes du foie chez des consommateurs de curcuma… sauf que, dans ces cas-là, une surprise attendait les enquêteurs : les produits s’étaient révélés contaminés. Selon les cas, on avait pu identifier un ajout frauduleux de nimésulide, un anti-inflammatoire connu pour favoriser les atteintes hépatiques, ou de plomb, voire de poudre d’une autre plante appelée Curcuma zedoaria, une espèce cousine mais à la toxicité reconnue. Bref : la toxicité hépatique était liée à une substance qui n’aurait pas dû figurer dans le complément alimentaire. Il y avait donc eu tromperie sur la composition du produit.
Prudence avec les compléments alimentaires
Si les experts n’excluent pas complètement que le curcuma puisse se révéler toxique, ils appellent surtout à être très vigilant vis-à-vis des compléments alimentaires. « Le statut de complément alimentaire ne garantit pas grand-chose en matière de composition de produits, et par conséquent protège mal les consommateurs », rappellent-ils.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), compétente sur le sujet dans notre pays, formule également des recommandations concernant les compléments alimentaires :
- Eviter les prises prolongées, répétées ou multiples sans demander conseil à un professionnel de santé,
- Signaler à un professionnel de santé tout effet indésirable survenant suite à la consommation d’un complément alimentaire,
- Privilégier les circuits d’approvisionnement contrôlés par les pouvoirs publics.
En pharmacie, les laboratoires proposant des compléments alimentaires sont soumis à des contrôles de qualité stricts. Les pharmaciens et leurs équipes sont formés pour vous renseigner en tenant compte de vos antécédents de santé et de vos traitements. N’hésitez pas à leur demander conseil !