La polymédication est définie par la prise régulière d’au moins cinq médicaments : c'est un phénomène qui concerne plus particulièrement les personnes âgées, le risque de développer des pathologies chroniques augmentant au fil des années. Or, au-delà de cinq médicaments, le risque de survenue d’un effet indésirable augmente significativement : toute nouvelle spécialité ajoutée à une prescription fait progresser ce risque de 12% à 28%. Chaque année, la France métropolitaine compte plus de 200000 hospitalisations imputables aux effets secondaires des médicaments, dont près de 3000 mènent à un décès.
C’est dans ce cadre que Les Entreprises du médicament (Leem), la fédération de l’industrie pharmaceutique, s’est emparée du sujet. « Le bon usage est au cœur de notre métier. Chaque personne doit avoir le bon médicament au bon moment », rappelle son président, Thierry Hulot. Un programme d’actions a donc été mis en place ciblant d’une part les médecins, à travers un dispositif de sensibilisation et d’information aux enjeux de la polymédication des plus de 65 ans, une formation en ligne et l’intégration de notifications dans leurs logiciels de prescription ; et visant d’autre part les patients et les aidants.
« Moins de médicaments, c’est médicamieux »
La campagne dévolue au grand public prend place dans la presse nationale et régionale, ainsi que sur les principales chaînes de télévision (France 2, France 3, France 5, Arte, LCP, Public Sénat, BFM TV et LCI) à travers un spot de 14 secondes à compter du dimanche 9 juin sur le thème « Réduisons le volume ». Le slogan : « Moins de médicaments, c’est médicamieux. » Le message : « Au-delà de 5 médicaments par jour, demandez à votre médecin ou votre pharmacien si vous pouvez en prendre moins. » Pas question, en effet, de réduire ses traitements sans l’avis d’un expert. Le LEEM espère d’ailleurs que les professionnels de santé se saisissent de la campagne grand public pour aborder le sujet avec leurs patients. Le déploiement passera par un dispositif d’affichage à Paris en septembre et par les réseaux sociaux.
D’après un sondage Odoxa réalisé en mai dernier pour le Leem, réduire le nombre de médicaments quotidiens est un souhait pour 44% des séniors, et davantage encore chez les plus de 65 ans polymédiqués (73%). C’est aussi un sujet de préoccupation familiale puisque 64% des Français parlent avec leurs parents et grands-parents des médicaments qu’ils prennent.
Un accompagnement spécifique en pharmacie
Outre cette campagne qui s’adresse aux médecins et au grand public, la présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (Cnop), Carine Wolf-Thal, rappelle que « le pharmacien est la porte d’entrée des questions des patients sur les médicaments, en tant que gardien des poisons il est là pour conseiller et accompagner le bon usage du médicament prescrit ». D’autant que le pharmacien peut proposer un entretien spécifique aux patients de plus de 65 ans, souffrant d’une ou plusieurs pathologies chroniques et prenant au moins cinq molécules différentes prescrites pour une durée supérieure ou égale à 6 mois.
Ce bilan partagé de médication (BPM) pourra d’ailleurs être prescrit prochainement par les médecins à leurs patients hyperpolymédiqués de 80 ans et plus. A partir du compte rendu réalisé par le pharmacien, le médecin sera autorisé, à compter du 1er janvier 2025, à réaliser une consultation longue de déprescription. Cette nouveauté mise en place par l’Assurance maladie vise à éliminer au moins quatre médicaments prescrits chez les hyperpolymédiques (10 molécules et plus) et deux médicaments prescrits chez les polymédiqués.