Annoncées fin 2023 par le gouvernement, l’expérimentation des e-notices de médicaments à la fois à l’hôpital et en ville tarde à se mettre en place mais n’a pas été abandonnée. Le projet, dont le lancement est désormais attendu avant la fin de l’année, ne laisse indifférent ni les patients, ni les professionnels de santé. C’est ce que révèle l’enquête menée par le cabinet Odoxa, en février dernier, pour le laboratoire Haleon et l’Association française de lutte antirhumatismale (AFLAR), auprès de 2010 patients et 202 professionnels de santé (101 pharmaciens et 101 infirmiers) : 60% des Français sont favorables au développement des e-notices, 58% des soignants les considèrent comme un outil pour améliorer l’observance, voire pour 78% d’entre eux pour aider à la délivrance du médicament.
Outils pédagogiques
Des résultats qui découlent de l’appréciation médiocre des notices actuelles. En effet, bien qu’elles soient jugées utiles (85%), 71% des Français les estiment trop chargées et même incompréhensibles (32%), ce qui pousse 56% des patients à chercher des informations médicales sur Internet : 42% en complément de la notice et 19% en lieu et place de celle-ci. Orienter les usagers vers un canal numérique fiable et sécurisé via des e-notices pédagogiques paraît donc raisonnable. D’autant que, soulignent les professionnels de santé, leur principal atout sera la possibilité d’une mise à jour instantanée des informations (93%) et d’y associer des outils plus didactiques et compréhensibles pour promouvoir le bon usage du médicament (85%) tels que des schémas, vidéos, podcasts, etc.
Interrogés sur cette « e-notice augmentée », les patients plébiscitent l’idée de vidéos de soignants donnant des conseils en fonction de leurs symptômes (64%), de liens interactifs pour signaler des effets indésirables (77%) ou renvoyant vers des conseils et règles d’hygiène émanant de sites officiels et validés (70%), ou encore de pouvoir augmenter la taille des caractères pour les rendre plus lisibles (77%).
Campagnes éducatives
L’AFLAR et Haleon se sont appuyés sur ces résultats pour présenter une série de propositions à destination des pouvoirs publics. Ils préconisent le maintien transitoire de la notice papier « le temps nécessaire », pour que les usagers se familiarisent à la e-notice. Sur le même laps de temps, il reviendra aux autorités de mener des campagnes éducatives visant les patients les moins à l’aise avec le numérique et de former les professionnels de santé et du médico-social à leur utilisation, en particulier ceux se déplaçant à domicile, pour qu’ils soient à même d’accompagner leurs patients dans cette transition. Ils recommandent par ailleurs de « renforcer la compréhension des notices » en déployant les outils pédagogiques (vidéos, illustrations, liens interactifs) et les fonctionnalités (agrandissement du texte) réclamés par les usagers.
A terme, l’AFLAR et Haleon estiment que maintenir la coexistence de la notice papier et de la e-notice « pourrait générer des conflits », notamment en raison de la possible instantanéité des mises à jour sur un document dématérialisé, et invitent à « réfléchir à une solution pour garantir un accès pérenne aux notices papier qui ne soit pas systématique ». Ils souhaitent y associer l’Ordre et les syndicats de pharmaciens pour évoquer la faisabilité, par exemple, de l’installation de bornes d’impression dans les officines ou de l’impression de la notice sur demande du patient contre rémunération du pharmacien. Une réflexion plus large sera également nécessaire pour garantir l’accessibilité des e-notices en tout temps et pour tous les patients, y compris les publics fragiles, éloignés du numérique ou vivant dans des zones blanches.