En 2022, près de 3,8 millions de personnes étaient traitées pour un diabète en France, soit 5,6 % de notre population. Dans plus de 90 % des cas, il s’agit d’un diabète de type 2 (DT2) : l’excès de sucre dans le sang (hyperglycémie) résulte d’une mauvaise utilisation de cette hormone régulatrice qu’est l’insuline par les cellules de l’organisme. Or, le DT2 peut conduire à des complications aiguës ou chroniques touchant le plus souvent le cœur et les artères, les reins, les yeux, les nerfs et aussi les pieds. La prise en charge des patients est importante pour améliorer leur qualité de vie et également réduire la morbi-mortalité associée à ces complications. Cela passe par la prévention, mais aussi par le contrôle de la glycémie, et aussi le dépistage de ces complications éventuelles et leur traitement. Ces dernières années, des évolutions importantes dans la prise en charge ont fait la preuve de leur efficacité : les thérapeutiques non médicamenteuses que sont l’activité physique, la prise en charge nutritionnelle ou encore la lutte contre la sédentarité et également de nouvelles molécules.
Changement de paradigme
Face à une telle incidence dans la population française, et au vu de ces évolutions dans l’arsenal disponible pour la prise en charge, la Haute Autorité de santé (HAS) vient d’effectuer un changement de paradigme dans ses recommandations pour une prise en charge optimale. Elle met à jour et complète ses recommandations de 2013, qui portaient exclusivement sur la stratégie médicamenteuse du contrôle glycémique du DT2. Ainsi, la HAS recommande désormais une prise en charge globale du patient vivant avec le DT2, individualisée selon son profil, ses besoins et ses préférences et associant différentes thérapeutiques, non médicamenteuse et médicamenteuse. La grande différence avec la situation antérieure est que les recommandations actualisées du collège intègrent désormais en première intention les stratégies non médicamenteuse, dès le diagnostic de DT2 posé.
Trois leviers d’action en termes d’hygiène de vie
La modification du mode de vie du patient est donc la priorité des actions à mettre en place, avant d’envisager tout traitement médicamenteux. Il s’agira de jouer sur trois grands leviers que sont l’activité physique, la nutrition et la lutte contre la sédentarité. Ces nouvelles habitudes vertueuses devront être maintenues dans le temps.
La mise en place d’un programme nutritionnel est par exemple recommandée en vue d’améliorer l’index glycémique. Quant à l’activité physique, c’est une thérapeutique à part entière. On sait désormais qu’elle présente de nombreux bénéfices comme l’amélioration de la sensibilité à l’insuline, la réduction du risque de progression du diabète ou encore de complications cardiovasculaires. L’activité physique adaptée (APA) aux capacités du patient et à son profil peut désormais être prescrite par le médecin. La HAS rappelle enfin que ces modifications du mode de vie s’inscrivent dans une démarche d’éducation thérapeutiques du patient (ETP). Des séances personnalisées, réalisées avec des professionnels, peuvent être proposées aux personnes afin de les aider à gagner progressivement en autonomie dans la gestion de leur diabète. Il n’est jamais facile de modifier en profondeur son style de vie, et c’est pour cette raison que la HAS insiste sur le fait qu’une « alliance thérapeutique » doit se mettre en place entre le patient et l’équipe de professionnels de santé, en prenant en compte le mode de vie de la personne, sa situation socio-économique, etc. Dans cette optique, l’oreille attentive des pharmaciens et leur bonne connaissance de leur patientèle est un outil précieux au service justement de celle alliance thérapeutique.
Du cas par cas
Si les modifications du mode de vie ne suffisent pas, la HAS explique qu’une prise en charge médicamenteuse sera alors proposée au patient. Le choix du traitement devra prendre en compte les comorbidités de la personne, ses facteurs de risque et également ses besoins selon sa situation particulière, et ses préférences. Certains traitements antidiabétiques, par exemple, démontrent des effets protecteurs cardiovasculaires et rénaux. Donc au-delà de la recherche de l’équilibre glycémique, la HAS recommande que la prescription d’un traitement prenne en compte ces effets, toujours en restant centré sur le profil particulier de chaque patient.