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Des progrès dans la prise en charge de la dermatite atopique

Des progrès dans la prise en charge de la dermatit

Par Марина Терехова

Si les soins locaux sont essentiels, des traitements par biothérapies ou anti-JAK sont désormais possibles dans les cas où la maladie demeure sévère ou mal contrôlée.

Touchant 4 à 5 % de la population française, la dermatite atopique est une maladie de la peau inflammatoire chronique qui débute souvent dans l’enfance, plus rarement à l’âge adulte ou chez une personne âgée. Elle évolue généralement par poussées. On parle aussi parfois d’eczéma atopique. Pierre angulaire du traitement, les soins locaux c’est-à-dire appliqués sur la peau lésée permettent de contrôler les formes légères de la maladie, soit environ 60% des patients concernés par cette maladie. Ces soins reposent sur l’utilisation de médicaments contenant des corticoïdes à l’action anti-inflammatoire, se présentant sous forme de pommades ou crèmes. Ils devront être associés à d’autres produits de dermocosmétique émollients, c’est-à-dire hydratants et adoucissants spécialement formulés pour ces peaux aux besoins particuliers. Le Tacrolimus appliqué localement est ainsi proposé dans les poussées sévères réfractaires aux corticoïdes et peu étendues, principalement du visage et du cou. Mais pour les 30 % de patients souffrant d’une forme modérée, cette approche ne suffira pas toujours et il faudra, comme pour les 10 % de patients présentant une forme sévère de la maladie, d’autres médicaments en complément de ces soins locaux.

Cinq nouvelles molécules autorisées

Les Journées dermatologiques de Paris qui ont eu lieu début décembre 2023 ont mis l’accent sur l’existence de thérapies récemment mises au point pour les patients confrontés à l’échec, l’intolérance ou la contre-indication des traitements prescrits jusque-là. Il s’agit de traitements par voie générale.

La ciclosporine, un traitement immunosuppresseur, est la molécule historique dans cette indication mais elle n’est pas toujours très bien tolérée et elle ne peut pas être prescrite au long cours. À présent, les recommandations européennes proposent d’autres types de médicaments, qui agissent par des mécanismes différents. Il s’agit de biothérapies - Dupixent (dupilumab), Adtralza (tralokinumab) - et d’une autre classe de médicaments appelée les anti-JAK (Olumiant (baricitinib), Rinvoq (upadacitinib), Cibonqo (abrocitinib)). Ces traitements peuvent être délivrés, sur prescription, par le pharmacien de ville. Selon Marie Jachiet, dermatologue à l’hôpital Saint-Louis (Paris), qui les évoquait à l’occasion des Journées dermatologiques, « les biothérapies et les anti-JAK ont révolutionné la prise en charge des formes modérées et sévères de dermatite atopique ».

 

De nouveaux modes d’action

Les biothérapies sont des substances biologiques produites par génie génétique. Dans le cas de la dermatite atopique, il s’agit d’anticorps qui vont venir bloquer certaines molécules responsables des réactions inflammatoires du corps, les interleukines. En effet, ces interleukines sont produites en excès chez les patients souffrant de dermatite atopique. De leur côté, les anti-JAK sont des molécules inhibitrices de l’enzyme Janus Kinase, impliquée elle-aussi dans l’inflammation des tissus. Cette thérapie est administrée par voie orale alors que les biothérapies sont administrées par voie cutanée tous les 14 jours. Le choix de l’une ou l’autre option de cet arsenal thérapeutique dépendra du profil du patient, de ses préférences pour un mode d’administration, du délai d’action, de son âge.

La recherche ne s’arrête pas là : d’autres molécules sont encore en cours de développement.

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