Le placenta n’oublie pas le tabac
C’est une Française, Johanna Lepeule, de l’université de Grenoble-Alpes, de l’Inserm et du CNRS, qui a dirigé les travaux menant à cette découverte majeure : le tabagisme passé laisse son empreinte sur le placenta. L’étude en question est la première à montrer, sur un échantillon très large de femmes, la présence de « modifications » dans le placenta, même lorsque la jeune maman a arrêté de fumer avant la grossesse.
La chercheuse et ses collègues ont exploité les données de la cohorte Eden, qui a recruté des femmes enceintes entre 2003 et 2006 à Nancy et Poitiers. Elles ont permis de comparer l’ADN d’échantillons de placentas prélevés juste après l’accouchement chez 568 femmes classées en 3 groupes : non-fumeuses, anciennes fumeuses et fumeuses actives. Les analyses ont montré que le fait de fumer ou d’avoir fumé diminue globalement le « niveau de méthylation » sur certaines longues régions répétées de l’ADN. Cette méthylation est une modification dite épigénétique de l’ADN, c’est-à-dire qu’elle induit des changements dans l’expression des gènes.
De plus, d’autres types de régions du génome présentent des profils de méthylation différents, augmentés ou diminués, selon les 3 groupes de femmes. Parmi ces régions, 152 comportent des modifications qui ne sont présentes que dans le groupe des fumeuses actives ; elles sont donc réversibles puisqu’elles n’apparaissent plus chez les ex-fumeuses. Mais pour 26 zones du génome, ces modifications de méthylation sont également présentes chez les anciennes fumeuses ; donc persistantes, elles, après l’arrêt du tabac.
Il est donc clair que la consommation de tabac, même lorsqu’elle est stoppée avant la grossesse, peut avoir des conséquences sur le placenta.
Née d’un embryon congelé durant 27 ans
L’Amérique adore pulvériser les records. Et celui-ci prouve que les parents de la petite Molly et les médecins du Centre national de don d’embryons (NEDC) de Knoxville, dans le Tennessee, n’ont pas froid aux yeux ! La fillette est née fin octobre 2020 d’un embryon congelé 27 ans plus tôt, soit en 1992 ! Le précédent record avait été atteint en 2017 par la même famille, qui avait donné naissance à Emma, la grande sœur de Molly. Les deux enfants ont été conçus à partir d’embryons provenant du même couple de donneurs. « Elles sont donc génétiquement sœurs », indique le Centre national de don d’embryons de Knoxville, où la prouesse a eu lieu. Elle fait dire au docteur Jeffrey Keenan, son directeur, que « si un embryon survit bien à la décongélation, il devrait avoir autant de chances qu’un nouvel embryon » et qu’« un embryon n’est jamais trop vieux ». Et le plus incroyable dans l’histoire est que Tina, la maman de Molly, est née… en 1992, cette même année où a été congelé l’embryon dont est issue sa fille.
Vrais jumeaux, gènes différents
De vrais jumeaux peuvent-ils présenter un patrimoine génétique différent ? Spontanément, on pense pouvoir répondre « non » à cette question. Pourtant, une étude de chercheurs islandais publiée en janvier 2021 dans Nature Genetics affirme que des différences génétiques entre « vrais jumeaux » (on parle de jumeaux monozygotes) peuvent apparaître très tôt dans le développement embryonnaire.
Après avoir séquencé le génome complet de 387 paires de jumeaux monozygotes ainsi que celui de leurs parents, l’étude s’est intéressée aux mutations qui se produisent à un stade précoce du développement embryonnaire. Elle conclut qu’en moyenne, les monozygotes présentent 5,2 mutations différentes par rapport au génome de leur jumeau. « Chez 15 % d’entre eux, le nombre de ces mutations précoces différentes est même substantiel », soulignent les chercheurs. Le rôle des facteurs génétiques dans les différences entre les « vrais jumeaux » est donc probablement sous-estimé. Et cela pourrait même remettre en cause l’intérêt des jumeaux monozygotes dans les études scientifiques pour différencier ce qui relève de l’inné et de l’acquis.