Arsenic, baryum, cadmium, calcium, chrome, cobalt, cuivre, fer, manganèse, mercure, nickel, plomb, sélénium, strontium, vanadium et zinc. Voici les 16 métaux que l’épidémiologiste environnementale de l’Université de Berkeley (Etats-Unis), Jenni A. Shearston, a recherché parmi 30 références différentes de tampons hygiéniques, appartenant à 14 marques vendues aux Etats-Unis et/ou en Europe. Mauvaise nouvelle : tous ces métaux ont été retrouvés, dont 12 dans tous les tampons !
Dans son étude à paraître dans la revue « Environment International » et mise en ligne dès le 22 juin dernier, la chercheuse s’étonne que, à sa connaissance en tout cas, aucune autre étude ne se soit penchée sur le sujet jusqu’à maintenant. Car, souligne-t-elle, « entre 52 et 86% des femmes menstruées utilisent des tampons rien qu’aux Etats-Unis » et elles sont « entre 43% et 46% » en Espagne et en France. Or, « la muqueuse vaginale est hautement perméable », ce qui laisse craindre un passage des substances des tampons vers le corps.
Effets indésirables
De fait, les 16 métaux recherchés ont été retrouvés, en particulier « des métaux toxiques comme l’arsenic ou le plomb », dans des concentrations variables d’un tampon à l’autre. Ainsi, les concentrations les plus fortes en arsenic ont été détectées dans les tampons bio qui, à l’inverse, présentent des teneurs moins élevées en plomb. Jenni A. Shearston note également que le cadmium, le cobalt et le plomb ont des concentrations plus basses dans les tampons achetés en Europe.
Mais ce qui l’inquiète le plus, c’est le fait que tous les produits contenaient du plomb. Or, insiste-t-elle, il n’existe pas de seuil d’exposition sans risque pour ce métal qui a tendance à s’emmagasiner dans les os et à remplacer le calcium. « Le plomb est associé à de très nombreux effets indésirables neurologiques, rénaux, cardiovasculaires, hématologiques, immunologiques, sur la reproduction et le développement, y compris à des taux d’exposition très bas. » La présence d’arsenic ne la rassure pas davantage, citant une étude chez des rats démontrant ses mécanismes oxydatifs sur l’utérus et les ovaires ; tout comme la teneur en cadmium, qui s’attaque au système rénal et est associé à des maladies cardiovasculaires.
Appel aux chercheurs et au grand public
Les tampons étant principalement fabriqués à partir de coton et de pulpe de bois, les chercheurs indiquent que la présence de ces métaux pourrait s’expliquer par leur absorption par la plante utilisée comme matière première, ou par une contamination de l’eau utilisée au cours de la fabrication, ou encore par un ajout volontaire de fabricants pour certains métaux présentant des qualités antimicrobiennes par exemple.
A ce stade, l’étude de Jenni Shearston et ses collègues pointe les teneurs en métaux des tampons sans les relier à des effets négatifs sur la santé, mais l’équipe de chercheurs appelle à de nouvelles recherches, notamment pour mesurer la quantité de ces métaux pouvant être absorbés dans l’organisme via la paroi vaginale et pour vérifier la présence d’autres éléments chimiques dans les tampons. Elle appelle aussi à une obligation de tests à réaliser par les fabricants et espère que le grand public va s’emparer du sujet pour exiger un meilleur étiquetage de tous les produits utilisés dans les menstruations.