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Comprendre et soigner l’asthme allergique

Comprendre et soigner l’asthme allergique
De nouvelles voies de recherche permettent d’envisager ces symptômes sous un nouvel angle.

Maladie chronique touchant environ 4 millions de personnes en France, l’asthme entraîne chaque année 60 000 hospitalisations, dont les deux tiers concernent des enfants de moins de 15 ans. Dans certains cas, cette pathologie est si grave qu’elle peut entrainer la mort : 815 patients sont ainsi décédés de cette maladie en 2014 selon les données de Santé publique France.

Dans la moitié des cas, cette maladie empreinte une forme allergique. Elle se caractérise par une inflammation qui se déclenche après un contact avec un allergène. Ainsi, l’asthme dit « allergique » fait-il partie de la famille des allergies respiratoires rassemblant aujourd’hui également certaines rhinites (alternance de nez bouché et d’écoulements, avec des éternuements en salve) et conjonctivites (inflammation de la conjonctive, c’est-à-dire la zone blanche de l’œil). « Ces trois maladies partagent les mêmes mécanismes, sans que l’on sache vraiment pourquoi celui-ci implique des symptômes différents en fonction des patients, souligne Pascal Demoly, coordinateur du département de pneumologie du CHU de Montpellier. Cependant, ceux-ci vont souvent de pair chez les patients : 70 % des asthmatiques présentent une rhinite, deux tiers des rhinites allergiques au pollen sont associés à des conjonctivites… Toutes sortes de combinaisons et de sévérités sont possibles. »

Toujours plus de cas

« Aujourd’hui, on estime que près de 20 % des Européens sont atteints de rhinite allergique, pour 6 % d’asthmatiques », selon Laurent Guilleminault, pneumo-allergologue au CHU de Toulouse. Ces proportions sont très élevées. La fréquence de ces maladies (également appelée prévalence) a augmenté fortement au cours du temps, particulièrement jusqu’aux années 2000.  « Les allergies respiratoires font partie des premières maladies dont la prévalence augmente dans un pays lorsque celui-ci a réussi à juguler les problèmes périnataux et de grande pandémie, à l’instar du paludisme, explique Pascal Demoly. De ce fait, on suppose que ces maladies sont liées au changement d’environnement et au passage à un mode de vie occidentalisé. » Diminution de l’exercice physique, baisse de la consommation de fruits et légumes ou encore pollution sont autant de facteurs mis en avant pour expliquer ce développement des allergies respiratoires dans la population générale. « Sans oublier le tabac ! », ajoute-t-il. Les deux chercheurs s’accordent à dire que si la pollution, et notamment les particules fines, a souvent été mise en avant pour expliquer ces maladies, son rôle est certainement secondaire par rapport à l’évolution de l’environnement dans lequel évolue la population.

Si les causes restent donc sujettes à suppositions, les conséquences, elles, sont concrètes. « Il faut différencier les agents responsables de la cause de la maladie, que l’on ne connaît pas aujourd’hui, et les agents exacerbants : les allergènes », relève Pascal Demoly. Une fois ces derniers entrés dans l’organisme de personnes ayant des prédispositions génétiques, le système immunitaire va s’emballer et provoquer des réactions en chaîne. C’est en fait ce système de défense qui est à l’origine des symptômes des allergies respiratoires.

Des traitements innovants

Face à cette réaction, les soignants disposent de traitements efficaces dont, en premier lieu, les corticoïdes locaux. Ils vont lutter directement contre les symptômes de la maladie. Des alternatives sont aussi apparues ces dernières années, à commencer par des produits dits biologiques et notamment les anticorps monoclonaux anti-IgE. Ce type de traitement innovant a été autorisé en France pour la première fois en 2006 et c’est une voie de recherche qui continue à être exploitée actuellement. Une autre grande piste repose sur la désensibilisation : cela consiste à administrer des doses progressives d’extraits d’allergènes afin de stimuler le système immunitaire et rendre la personne tolérante à la substance. Ces nouvelles avancées sont cependant réservées, en raison de leurs prix élevés, aux 3 à 5 % de patients présentant des formes sévères.

Bientôt un vaccin ?

Récemment, l’Inserm a annoncé une grande avancée : le développement d’un vaccin contre l’asthme allergique. Dans une première publication parue dans Nature Communications, Laurent Reber et son équipe du laboratoire toulousain Infinity, en collaboration avec des chercheurs de l’Institut Pasteur et l’entreprise française Neovacs, avaient démontré l’effet d’un vaccin prometteur dans un modèle d’asthme chez la souris. Une expérience qu’ils ont renouvelée sur d’autres modèles animaux en février 2023. « Les résultats publiés dans la revue Allergy montrent que ce vaccin spécifique permet de diminuer les caractéristiques de l’asthme aux acariens », détaille Laurent Rebert. Dans la plupart des cas, la réponse dure au moins un an. Cette nouvelle publication permet d’envisager la mise en place d’essais cliniques. « Dans le meilleur des mondes, sa commercialisation pourrait être envisageable dans une dizaine d’années », conclut le chercheur.

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