Réalisé tous les 5 ans, ce baromètre réalisé par l’Institut national du cancer (Inca) en partenariat avec Santé Publique France (SPF) permet d’appréhender finement les attitudes et comportements des Français face aux photologies cancéreuses. Indispensable outil de pilotage des politiques de prévention, il permet aussi de révéler les failles qui peuvent persister dans les connaissances de la population, et ainsi aider à une meilleure information et une meilleure prévention en luttant contre les idées reçues.
Pour la 4e édition de cette enquête, les données de près de 5 000 personnes âgées de 15 à 85 ans ont été recueillies en 2021. Apportant une photographie à l’instant T des perceptions et comportements des Français, et permettant d’apprécier les évolutions en comparant avec les précédents baromètres, il montre notamment que la façon dont les Français perçoivent les cancers peut être bien éloignée de la réalité scientifique.
Bien informés, vraiment ?
Ce sondage révèle d’abord un décalage entre le sentiment général d’être bien informés sur les cancers (partagé par 67,7 % des Français) et le fait que leur perception ne s’appuie par forcément sur les connaissances scientifiques, en particulier en ce qui concerne les facteurs de risques. Ainsi, par rapport aux enquêtes précédentes, nos concitoyens perçoivent de plus en plus les facteurs environnementaux comme responsables de ces pathologies (+ 19 points comparé à 2010, pour passer de 33,9 % à 53,4 %, pour les pesticides par exemple). Ils intègrent aussi, comme facteur de risque important, le fait de « ne pas arriver à exprimer ses émotions », d’« avoir été fragilisé par une expérience traumatique » ou encore de « subir le stress de la vie moderne ». La mise en valeur du stress comme facteur de risque a d’ailleurs augmenté de 10 points par rapport à 2005 (69,1 % en 2005 vs. 78,2 % en 2021). Pourtant, contrairement à ce que l’on pourrait penser, le lien entre stress et cancer n’a pas encore été scientifiquement démontré.
Des erreurs d’appréciation
À l’inverse, lorsqu’on regarde de près les deux premiers facteurs de risque avérés de cancer, le tabac et l’alcool, l’avis des Français diffèrent en fonction de leur consommation. Avec une frappante mise à distance du risque pour les consommateurs par rapport aux abstinents.
Certes, au global, plus de 8 personnes sur 10 sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle « fumer du tabac peut certainement favoriser l’apparition d’un cancer », mais 1 fumeur sur 2 sous-estime clairement les vrais risques : il place au moins un des seuils de dangerosité (nombre de cigarettes fumées par jour ou nombre d’années de tabagisme) au-dessus du niveau de sa propre consommation ! Et 21,2 % des fumeurs (soit plus d’1 sur 5) pensent même que le risque de cancer en lien avec le tabac n’existe qu’à partir de 20 cigarettes par jour, ce qui est bien-sûr faux.
On observe la même sous-estimation du lien entre alcool et cancer chez les consommateurs de boissons alcoolisées. En effet, ceux-ci expriment plus fréquemment l’opinion que « certaines personnes peuvent boire beaucoup toute leur vie sans jamais avoir de cancer ». Opinion d’ailleurs partagée par 8 Français sur 10.