Toutes les rubriques / Maladies / Maladies endocriniennes / Après la chirurgie bariatrique, un suivi au long cours

Après la chirurgie bariatrique, un suivi au long cours

Illustration - Après la chirurgie bariatrique, un

Adobe Stock - Par Krakenimages.com

Les suites d’une chirurgie de l’obésité impliquent une surveillance continue, même à long terme.

Une opération chirurgicale permet bien souvent de régler définitivement un problème de santé. Mais dans le cas particulier de la chirurgie bariatrique, également appelée « chirurgie de l’obésité », l’intervention n’est qu’une étape. Ce type d’opération a pour objectif de modifier l’anatomie du tube digestif afin de limiter l’absorption des aliments par le corps tout en diminuant la sensation de faim du patient. Une personne obèse qui est opérée avec succès voit, à terme, son Indice de masse corporelle (IMC) diminuer très fortement. Cette perte de poids fait également baisser le risque de complications habituellement rencontrées avec l’obésité, comme les troubles cardiovasculaires ou le diabète.

L’opération : une première étape

Après une opération bariatrique, la personne obèse doit modifier son alimentation, notamment en réduisant la taille des portions et en suivant soigneusement les prescriptions de compléments alimentaires disponibles en pharmacie pour éviter toute carence. On parle ici d’un suivi à vie. « Il faut être conscient qu’après une chirurgie bariatrique, il est indispensable de consulter un médecin et/ou une diététicienne et/ou un psychologue quatre fois par an la première année, puis une ou deux fois par an durant le reste de sa vie », a mis en garde le docteur Claire Carette, médecin nutritionniste et diabétologue à l’Hôpital européen Georges-Pompidou (Paris), lors d’une conférence portant sur « obésité et carences nutritionnelles masquées » durant le E-Congrès de Médecine générale qui s’est tenu le 2 juillet 2020. En France, il existe 37 centres spécialisés dans l’obésité, dont 5 sont des centres intégrés comprenant de la recherche et du développement afin de structurer l’offre de soins.

Cependant, il n’est pas toujours simple de maintenir ce suivi auprès de professionnels formés aux suites d’une chirurgie bariatrique. « Avec 500 000 personnes opérées en France, toutes ne peuvent pas forcément être suivies par des spécialistes », avertit le Dr Carette qui précise qu’il faut favoriser « la sensibilisation et la formation des généralistes à la prise en charge de ces personnes opérées puisque beaucoup d’entre eux ont fait leurs études à un moment où cela n’existait pas ». Quant aux patients, « ils ne doivent pas oublier de dire à leur médecin qu’ils ont reçu cette chirurgie », de façon à ce que les prescriptions pour les vitamines et minéraux soient maintenues au cours du temps

Un suivi attentif, notamment des adolescents

Et chez les adolescents ? « La chirurgie bariatrique chez les ados est possible, puisque la HAS [Haute Autorité de Santé] a mis au point une fiche mémo pour les jeunes de moins de 18 ans », explique le professeur Béatrice Dubern, gastro-pédiatre à l’Hôpital pédiatrique Trousseau (Paris). « Les enfants suivent le même parcours que les adultes, avec une préparation à la chirurgie d’un an au lieu de six mois. Ils n’ont pas plus de carences que les adultes mais nous demeurons très vigilants quant à celles-ci ! ».

Le principal écueil est la lassitude qui peut mener à un arrêt des rendez-vous de suivis alors qu’ils sont très importants. En effet, les enfants obèses sont, avant même l’opération, à risque de carence en fer, vitamine D et calcium. Hélène Chantereau, diététicienne et nutritionniste dans le service de nutrition et gastroentérologie pédiatrique de l’hôpital Trousseau évoque les difficultés de l’après-chirurgie : il est souvent difficile pour ces jeunes de consommer suffisamment de viande, de poisson et d’œufs « parce qu’il y a souvent, après la chirurgie, un dégoût de ce groupe d’aliments qui n’existait pas avant ». Autre problème qui agace les adolescents : « Ne pas pouvoir, du fait de la réduction gastrique, prendre de dessert immédiatement après le repas ». Il faut en effet patienter un peu avant de prendre le yaourt ou le fruit qui les tente. « Or ils n’ont pas toujours la possibilité, dans leur vie sociale, d’attendre 20 minutes… » Autant de raisons de continuer à offrir à ces jeunes patients le soutien des professionnels de santé au-delà même de la période entourant l’opération en elle-même.

Publications Similaires