Le sport est à l’honneur avec les Jeux olympiques 2024. L’occasion pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), de lancer une nouvelle alerte sur les dangers de la consommation de compléments alimentaires et aliments enrichis en protéines, acides aminés ou extraits de plantes, destinés aux sportifs. Traditionnellement utilisés par les culturistes pour développer la masse musculaire ou réduire la masse grasse, leur consommation tend à s’étendre à d’autres disciplines, notamment celles « dont la performance repose sur la puissance musculaire ou la réduction du poids » en raison d’une croyance infondée selon laquelle l’alimentation courante ne suffirait pas à atteindre les objectifs fixés.
Ces produits, qui peuvent être vendus en pharmacie, en magasins de sport, salle de sport ou sur Internet, sont consommés tant pendant l’entraînement et les compétitions que lors d’une pratique de loisirs. Or, le dispositif de nutrivigilance, chargé de la surveillance des effets indésirables, est formel : le nombre de signalements est passé de 49 entre 2009 et 2016 à 154 entre 2016 et février dernier. Ce sont même 18 cas qui ont été considérés comme très graves, dont quatre personnes qui ont vu leur pronostic vital menacé et deux autres qui sont décédées.
Des bénéfices incertains
Les effets indésirables les plus fréquents sont cardiovasculaires (tachycardie, palpitations voire arrêt cardiaque, AVC) ou plus généraux (malaise, fatigue, fièvre, vertiges, troubles digestifs…). Dans ce contexte, l’Anses souhaite actualiser ses travaux menés en 2016 sur l’évaluation des risques liés à ces produits et appelle les consommateurs comme les professionnels de santé à déclarer tout effet indésirable sur le portail de nutrivigilance du site internet de l’Anses.
Dans son précédent rapport, l’agence insistait sur les risques à la consommation de ces produits « pour des bénéfices incertains ». Elle déconseillait en particulier leur utilisation par les « personnes présentant des facteurs de risque cardiovasculaire, souffrant d’une cardiopathie ou d’une altération de la fonction rénale, hépatique ou encore de troubles neuropsychiatriques », ainsi que par les enfants, adolescents, femmes enceintes ou allaitantes.
Contrôle antidopage
Outre les risques pour la santé, les consommateurs de ces produits engagés dans des compétitions sportives pourraient être mis en cause lors d’un contrôle antidopage. En effet, l’Anses relève que certains ingrédients pourtant interdits se retrouvent parfois dans les compositions, tels que les stéroïdes anabolisants, le clenbutérol et l’éphédrine, et d’autres ingrédients peuvent être autorisés en population générale et ne pas l’être chez les sportifs professionnels. Ceux-ci « doivent donc savoir identifier ces substances interdites par l’Agence mondiale antidopage (AMA) en compétition, ou en toutes circonstances, et être attentifs à la composition des produits consommés en privilégiant en particulier les produits conformes à la norme européenne EN17444:2021 », précise l’Anses.
L’agence recommande plus généralement d’éviter la consommation concomitante de plusieurs compléments alimentaires ou aliments enrichis, ou encore de les associer avec des médicaments, de toujours demander l’avis d’un professionnel de santé avant d’utiliser ces produits, et d’éviter les achats sur Internet qui expose au risque de produits frauduleux ou altérés. Aux cadres sportifs, l’Anses rappelle en particulier leur rôle dans l’information des pratiquants, notamment les plus jeunes.