Depuis son autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne accordée le 21 mars 2018, soignants et patients français trépignent d’impatience, alors que Shingrix se déploie dans les pays limitrophes. Car ce nouveau vaccin contre le zona du laboratoire GSK, est une petite révolution.
Varicelle et zona, des liens étroits
Le zona est causé par un virus appelé Varicelle-zoster virus (VZV). Lorsqu’il contamine pour la première fois un malade, le plus fréquemment un enfant, ce dernier développe une varicelle : fièvre modérée, céphalées, grande fatigue, douleurs abdominales… La fièvre persiste ensuite et des boutons apparaissent. Une fois cet épisode terminé, le virus peut se réactiver : le patient souffrira alors d’un zona. Ce dernier touche le plus souvent des personnes de plus de 50 ans et se déclenche sous l’effet d’un stress ou à l’occasion d’une baisse d’immunité. Les lésions cutanées seront alors localisées sur le trajet des nerfs. Leur apparition est généralement très douloureuse et peut nécessiter un traitement médical pour régresser rapidement.
Une innovation vaccinale
Jusqu’alors, un seul vaccin, le tout premier contre le zona, était disponible en France depuis 2015. Zostavax, du groupe MSD, a obtenu l’aval européen en 2006 après avoir démontré une efficacité de 46% dans la prévention du zona, et de 6% dans la protection contre les douleurs post-zostériennes (DPZ). Mais en tant que vaccin vivant atténué, il ne pouvait être administré aux personnes immunodéprimées, population pourtant particulièrement sensible à cette pathologie. Néanmoins, face à une maladie dont le traitement se limite à un antiviral qui doit, pour être efficace, être administré dès les premiers symptômes, dont les douleurs associées sont difficiles à endiguer et les complications courantes, Zostavax a permis de répondre à un véritable besoin de santé. En conséquence, il a été recommandé chez les 65-74 ans et pris en charge par l’Assurance maladie à 30%.
Une prise en charge à 65%
L’arrivée de Shingrix, un vaccin recombinant adjuvanté dont l’efficacité à prévenir le zona dépasse les 79% tant en population générale que chez les personnes immunodéprimées ou présentant une pathologie chronique, a poussé la Haute Autorité de santé (HAS) à modifier la stratégie vaccinale en place. Une efficacité qui perdure 9 ans après administration dans 73% des cas et qui concerne aussi la prévention des DPZ (87%). Ces performances en font un vaccin recommandé chez les 65 ans et plus, ainsi que chez les personnes à risque accru dès 18 ans. Il est aussi recommandé chez les personnes de 65 ans et plus ayant eu des antécédents de zona ou ayant été vaccinées avec Zostavax, en respectant un délai d’au moins un an. Et depuis le 14 décembre dernier, il est pris en charge par la solidarité nationale à 65%.
Entre ville et hôpital
C’est peu de dire que le remboursement de Shingrix était attendu dans l’Hexagone. Après que la HAS a recommandé le 29 février dernier de préférer ce vaccin à son prédécesseur, le laboratoire MSD a mis fin à la commercialisation de Zostavax fin juin, alors que Shingrix n’avait pas encore obtenu son prix et son remboursement dans le droit commun. Disponible à l’hôpital depuis le mois de mai, ce dernier a bénéficié d’une prise en charge à 100% dans le cadre d’un dispositif spécifique – l’accès direct –, mais il n’est arrivé en pharmacie de ville qu’en juillet, à prix libre et non pris en charge. La fin précipitée de Zostavax a même conduit MSD, en accord avec l’agence du médicament, à importer des unités de son vaccin initialement destinées au marché italien pour pouvoir assurer la continuité des traitements.
60 millions de personnes vaccinées
Ces difficultés de coordination sont révolues. « La publication du remboursement au Journal officiel marque, de façon immédiate, la fin du dispositif d’accès direct et le remboursement pour toutes les personnes concernées par les recommandations de la HAS, que ce soit en ville ou à l’hôpital. Cette étape signifie également que les pharmaciens d’officine, les infirmiers, les biologistes médicaux pourront dorénavant prescrire et administrer Shingrix », indique le laboratoire GSK. A noter cependant : les pharmaciens ne sont pas autorisés à prescrire un vaccin à une personne immunodéprimée. Ils peuvent néanmoins lui administrer un vaccin prescrit par un médecin.
Shingrix respecte un schéma à deux doses à deux mois d’intervalle (et jusqu’à six mois lorsqu’une flexibilité du schéma vaccinal est nécessaire). Il peut être administré en même temps que les vaccins contre la grippe, la Covid, les pneumocoques et qu’un vaccin diphtérie, tétanos et coqueluche, en utilisant des sites d’injection différents. A fin 2023, il a bénéficié à près de 60 millions de personnes dans 40 pays.