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VIH : Un médicament préventif efficace à 100% !

VIH : Un médicament préventif efficace à 100% !

Par Dragana Gordic

Une étude montre que le lénacapavir éviterait la contamination par le VIH. Un espoir inédit dans la lutte contre le Sida.

Rarement chercheur aura été autant ovationné. Médecin spécialiste des maladies infectieuses, Linda-Gail Bekker est directrice du Centre VIH Desmund Tutu de l’Institut des maladies et de médecine moléculaire de l’Université du Cap (Afrique du Sud). Le mercredi 24 juillet, elle a présenté les résultats de l’essai clinique Purpose 1, mené par le laboratoire Gilead, à l’occasion du congrès Aids 2024, conférence internationale bisannuelle qui réunit plus de 10000 spécialistes du sujet. Parmi les 5338 jeunes femmes de 16 à 25 ans sexuellement actives recrutées en Afrique du Sud et en Ouganda, toutes séronégatives à l’inclusion dans l’étude, 55 infections au VIH ont été recensées au bout d’un an, dont zéro dans le groupe de 2134 femmes traitées par deux injections d’une molécule appelée lénacapavir à 26 semaines d’intervalle. C’est à cette annonce que la salle a répondu par un tonnerre d’applaudissement.

A la recherche de l’observance

Parmi les 55 infections recensées, 16 ont été décomptées dans le groupe de 1068 femmes ayant reçu le médicament oral quotidien Truvada (emtricitabine-ténofovir disoproxil) (autorisé en France depuis 2015) et 39 dans celui des 2136 participantes ayant reçu le médicament oral quotidien Descovy (emtricitabine-ténofovir alafénamide). Des résultats d’efficacité honorables mais décevants pour ces deux autres médicaments de Gilead, qui s’expliquent par un niveau d’observance du traitement insuffisant, en particulier chez les jeunes femmes hétérosexuelles qui « ne s’inquiètent pas », souligne la Pre Bekker. Ainsi, seulement 10% des jeunes femmes sous PrEP orale (par Descovy ou Truvada) prenait leur traitement au moins quatre fois par semaine au bout de 52 semaines

A contrario, la PrEP avec le lénacapavir par voie injectable ne nécessite que deux administrations par an (et la prise de deux comprimés de 300mg de lénacapavir les jours 1 et 2), enregistre une bonne observance (93%) malgré les fréquentes réactions au site d’injection. C’est pourquoi, face à l’efficacité du lénacapavir, l’essai clinique a été arrêté prématurément lorsque 50% des participantes sont arrivées au terme de leur suivi ; et toutes les femmes qui le souhaitaient ont pu accéder au lénacapavir.

Toujours pas de vaccin

Déjà commercialisé en France sous le nom de Sunlenca, le lénacapavir est actuellement indiqué en 2e intention dans le VIH multirésistant et en association avec un (ou plusieurs) autre(s) antirétroviral(-aux). Il fait l’objet d’un autre essai clinique en prévention (Purpose 2) toujours avec une administration par injection sous-cutanée deux fois par an, cette fois chez des hommes homosexuels et chez des personnes transgenres, mené en Amérique du Nord et du Sud, en Thaïlande et en Afrique du Sud. Les résultats sont attendus fin 2024. En fonction des résultats, Gilead compte demander une autorisation de mise sur le marché du lénacapavir dans la PrEP et espère une mise à disposition du public dès 2025.

Si l’efficacité de ce nouveau médicament se confirme dans toutes les populations, cela pourrait mettre un coup d’arrêt à la recherche d’un vaccin contre le VIH. Les espoirs de ce Graal jamais atteint ont encore été douchés lors de ce même congrès Aids 2024 avec la présentation de résultats d’essais cliniques (PrEPVacc), arrêtés eux aussi prématurément, mais cette fois en raison de l’inefficacité des vaccins testés.

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