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Trop de pensées suicidaires, notamment chez les jeunes

Trop de pensées suicidaires, notamment chez les je
La France déplore un des taux de suicide les plus élevés en Europe. La santé mentale est au cœur des préoccupations des professionnels de santé de notre pays.

Comme partout, la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19 a eu un impact délétère sur la santé mentale de la population. Dans son Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 5 février 2024, Santé Publique France dévoile son Baromètre basé sur les données 2021. L’objectif est triple : dresser un état des lieux de la prévalence des idées suicidaires et des tentatives de suicide en France en 2021, identifier les populations les plus concernées pour mieux repérer les patients qui pourraient avoir besoin d’un soutien psychologique, et observer les évolutions survenues depuis les années 2000, puisque ce même baromètre est réalisé annuellement. Cette meilleure connaissance des situations ayant mené à des suicides est nécessaire pour sensibiliser les professionnels de santé et le grand public à cette cause.

Des chiffres préoccupants

Le taux de décès par suicide est plus important chez les hommes et les personnes âgées que dans le reste de la population. S’il baisse globalement en Europe depuis 2001, il est en France l’un des plus élevés. Les dernières données du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) ont enregistré 8 366 décès liés à cette cause en 2017.

Quid des tentatives de suicide ? En 2020, première année de la pandémie, environ 80 000 séjours hospitaliers de personnes de 10 ans et plus pour « tentative de suicide » ont été comptabilisés. Ce taux d’hospitalisation est globalement en baisse par rapport à 2017 et 2019 mais on note une augmentation chez les femmes de moins de 25 ans. Malgré une baisse globale des passages aux urgences liée aux confinements, ceux pour idées suicidaires ont augmenté dès 2020 dans toutes les classes d’âge avec des hausses plus marquées chez les jeunes adultes (18-24 ans) ; et la tendance s’est confirmée et accentuée en 2021.

Enquête téléphonique fine en population générale

Pour mieux comprendre ce qui se joue, au-delà de ces relevés chiffrés, Santé publique France complète chaque année par une estimation de la prévalence globale des tentatives de suicide et des pensées suicidaires dans la population via l’interrogation directe d’échantillons représentatifs par téléphone.

Quelles sont les évolutions ces dernières années ? Le résultat le plus marquant du Baromètre 2021 est l’« augmentation importante des pensées suicidaires et des tentatives de suicide au cours de la vie chez les 18-24 ans, observée depuis une dizaine d’années », lit-on dans le BEH. En 2021, la prévalence des idées suicidaires déclarées au cours des 12 derniers mois chez les 18-24 ans était de 7,2 %. Avec une prévalence significativement plus importante chez les jeunes femmes (9,4 %) que chez les jeunes hommes (5 %). « Cette étude confirme la détérioration de la santé mentale des jeunes adultes observée par ailleurs à partir des données de passage aux urgences et d’hospitalisation », lit-on. Et encore : « Les données issues des services d’urgences témoignent du fait que cette détérioration s’inscrit dans la durée, avec un nombre de passages aux urgences pour idées et gestes suicidaires encore plus élevé en 2022 et 2023 qu’en 2021 ».

En avoir parlé… ou pas

Point positif dans ce contexte plutôt alarmant, le fait de parler de ses idées suicidaires plutôt que de les taire, également évalué par cette étude, est en augmentation.

Ainsi, le Baromètre 2021 révèle que 64 % des personnes ayant déclaré des pensées suicidaires dans l’année déclarent en avoir parlé à quelqu’un. Sur ce point, les hommes sont plus « taiseux » que les femmes puisque 55 % des hommes ont verbalisé leur détresse vs. 77 % des femmes.

Quant aux classes d’âges qui en parlent ou pas, ce sont les 35-44 ans qui en parlent le plus (74 %) et les 75-85 ans qui en parlent le moins (49 %). Et à qui parle-t-on de ses idées noires ? Dans la majorité des cas, à un professionnel de santé (69 %) ou un membre de sa famille (52 %).

Le pharmacien, interlocuteur important dans la prévention du suicide

Le dernier baromètre de Santé publique France le montre : c’est à un professionnel de santé que les personnes traversées par des pensées suicidaires s’ouvrent le plus. Le médecin bien sûr, mais aussi le pharmacien qui est en première ligne, en tant que professionnel accessible toute la journée sans rendez-vous, et toujours à l’écoute. Les pharmaciens sont en capacité de détecter l’urgence potentielle de la situation et d’orienter les personnes pour qu’elles soient prises en charge par un psychologue et/ou un psychiatre selon leurs besoins et la disponibilité des différents interlocuteurs. En présence d’idées suicidaires, pour un proche ou pour vous-même, vous pouvez solliciter les services d’urgences pour prendre conseil. Votre médecin et votre pharmacien sont également des interlocuteurs privilégiés, notamment pour vous aider à évaluer la gravité de la situation. Il est également possible d’appeler le 3114. Les professionnels du numéro national de prévention du suicide répondent 24 h/24 et 7 j/7 (l’appel est gratuit et confidentiel).

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