Depuis le 1er janvier 2022, le dépistage du VIH est accessible directement dans les laboratoires de biologie médicale, sur simple demande et donc sans ordonnance. Cela se fait sans rendez-vous et sans avance de frais, pour tous les assurés sociaux et leurs ayants droit, y compris les personnes relevant de l’aide médicale d’Etat (AME). Face à une hausse inquiétante des infections sexuellement transmissibles (IST) en Europe, le gouvernement a rapidement annoncé son souhait d’élargir ce dépistage à d’autres IST pour les jeunes de moins de 26 ans. Le projet, inscrit dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2023, deviendra réalité au 1er septembre 2024 grâce à la parution, le 9 juillet dernier, d’un arrêté qui fixe la liste des maladies concernées : infection par Chlamydia trachomatis (chlamydiose), infection par Neisseria gonorrhoeae (gonorrhée), infection par Treponema pallidum (syphilis) et infection par le virus de l’hépatite B.
En pratique
Concrètement, l’assuré qui se présente pour un dépistage d’IST en laboratoire devra remplir un questionnaire permettant au biologiste médical de l’orienter vers les examens les plus pertinents. En cas de résultats positifs, le patient sera informé soit par un appel téléphonique du biologiste, soit lorsqu’il se présentera au laboratoire. Il sera alors orienté vers une structure de soins adaptée pour la prise en charge médicale des IST. Le biologiste lui remettra un compte-rendu des résultats avec les principales informations d’orientation ainsi que des messages de prévention sur les risques de grossesse et de transmission aux partenaires sexuels. Si les résultats sont négatifs, le biologiste lui transmettra un compte-rendu sur lequel figure les principales informations concernant les moyens de prévention en santé sexuelle. Pour toute question, le patient peut interroger le pharmacien ou médecin du laboratoire, mais il est bien-sûr possible d’en parler aussi avec son médecin généraliste ou son pharmacien.
Des infections en hausse
Selon les dernières données publiées fin 2023 par l’agence Santé publique France, chlamydioses (+16%), gonorrhées (+91%) et syphilis (+110%) ont enregistré une hausse importante entre 2020 et 2022 en métropole. L’inquiétude est partagée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans un rapport publié le 21 mai dernier, elle note qu’en 2022, le nombre de nouveaux cas de syphilis a augmenté de 1 million en 2 ans pour atteindre les 8 millions chez les 15-49 ans, tandis qu’elle pointe une hausse de la gonorrhée multirésistante. Depuis les années 2000, les IST d’origine bactérienne progressent à nouveau dans les pays occidentaux après 20 années de recul.
Dépistage du VIH
De son côté, l’Assurance maladie rappelle les nombreuses voies d’accès au dépistage du VIH mises en place en France. En sus du dépistage gratuit en LBM sans condition d’âge ou d’ordonnance, elle indique que les personnes désirant garder l’anonymat, ainsi que celles ne bénéficiant pas de couverture sociale, peuvent s’adresser aux Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD). Pour trouver le centre le plus proche, il suffit d’appeler Sida Info Service au 0 800 840 800 (appel anonyme et gratuit) ou de consulter la liste sur sida-info-service.org. Le dépistage gratuit du VIH est également possible dans les Centres de santé sexuelle (annuaire sur ivg.gouv.fr), dans les centres de protection maternelle et infantile (PMI), dans les permanences d’accès aux soins de santé et dans les associations de lutte contre le sida. Deux autotests du VIH sont disponibles en pharmacie, non remboursés. Certaines associations peuvent néanmoins en remettre gratuitement à des personnes éloignées du système de santé. En cas de test positif, le résultat doit cependant être confirmé par un test sanguin en laboratoire.
L’élargissement progressif de l’accès au dépistage a permis une nette augmentation de l’activité. En 2022, ce sont ainsi plus de 6 millions de sérologies du VIH qui ont été réalisées par les LBM. Pour autant, le nombre de personnes ayant découvert leur VIH en 2022, estimé entre 4200 et 5700, est en baisse. Dans ce contexte d’un volume de dépistage en hausse, la dynamique de l’épidémie est encourageante.