A l’occasion du 25e Congrès mondial de dermatologie (WCD) de Singapour qui s’est déroulé début juillet 2023, le laboratoire Pierre Fabre a présenté les tous derniers résultats de son programme SAFE initié en 2021. En effet, si depuis plus de 30 ans les campagnes de prévention martèlent les mêmes messages pour inciter chacun à se protéger du soleil, les mauvaises habitudes ont le cuir solide. Pierre Fabre a voulu comprendre pourquoi à travers cette étude baptisée SAFE pour Sunscreen assessment family expérience qui a débuté en 2021. Les premiers résultats, présentés début 2022, avaient déjà montré à quel point les comportements des Français étaient en inadéquation avec les recommandations, et les tout derniers résultats se penchent sur les raisons qui pourraient expliquer cela. Cette nouvelle mouture de l’enquête SAFE a été conduite auprès de 4000 répondants. En complément, une étude sur les comportements des Français a également été menée sur les réseaux sociaux par la start-up Kap Code, qui a analysé 74 000 posts. Voici leurs enseignements.
Profiter, douter, oublier
Parmi l’ensemble des personnes interrogées dans l’enquête SAFE, 57,9 % déclarent s’exposer au soleil entre 11 h et 16 h, alors même qu’elles sont 72 % à avouer être informées qu’il ne faut pas laisser sa peau offerte aux rayons du soleil aux heures les plus chaudes. Pourquoi ce paradoxe ? Aux yeux de plus de 40 % de la population, « les heures entre 11 h et 16 h sont les plus agréables », et « les plus propices aux activités ». Les motivations épicuriennes ne sont pas les seules car près de 12 % des interrogés s’exposent à ces heures chaudes car ils pensent que ce n’est pas dangereux : 6,9 % parce qu’ils « pensent avoir une peau tolérante au soleil » et 4,9 % parce qu’ils « ne croient pas à la véracité des messages de prévention ».
Protection solaire insuffisante
Concernant la protection solaire, les deux tiers de la population avouent ne pas utiliser sprays ou laits en respectant les recommandations, c’est-à-dire à raison d’une application toutes les 2 heures : 25,2 % n’utilisent aucune protection, et 42 % en appliquent de façon irrégulière. Les hommes sont moins observants : ils sont à peine 24 % à se tartiner toutes les 2 heures, contre. 42,8 % des femmes.
Identifier le risque
Moins de la moitié de la population (46 %) déclare utiliser une protection solaire « en prévention du cancer de la peau ». C’est pourtant un sujet sur lequel les femmes sont plus sensibilisées (53,3 %) que les hommes (37,7 %), et les plus de 55 ans (54,3 %) davantage que les plus jeunes (38,9 %). La motivation première pour enduire sa peau de crème est, pour plus de deux tiers des interrogés (70,9 %), d’« éviter les coups de soleil ». Troisième motivation : « lutter contre le vieillissement prématuré » pour 40 % des sondés, et surtout des sondées (53,5 % des femmes vs. 27,9 % des hommes). Arrive enfin la quatrième raison : 22,7 % des répondants se protègent « dans le but de passer plus de temps au soleil », surtout les jeunes : 28,7 % des 16-34 ans contre 16,4 % des plus de 55 ans.
Et ceux qui n’utilisent aucune crème solaire ? Ils « n’y pensent pas » pour 55,7 % d’entre eux ; tandis que 21,9 % jugent une application répétée « trop fastidieuse ». Enfin, près 17 % « pensent que ces produits ne sont pas utiles ».
Tout s’explique !
Que dit-on de la photoprotection sur les réseaux sociaux ? La start-up Kap Code, spécialisée dans la santé numérique, a analysé les données issues des réseaux sur 6 ans. Il en ressort que seulement 33,3 % des personnes interrogées (un tiers donc) se protègent selon les recommandations officielles. Cette étude met en évidence par ailleurs que 58,3 % des personnes ne se protège pas correctement du soleil, avec deux grandes explications : pour 30,6 % la mauvaise protection est « associée à un oubli », et pour 15,3 % à l’idée que « nous n’avons pas tous besoin d’une protection solaire ».
Cette étude met en lumière trois convictions aussi coriaces qu’erronées :
- Le fait qu’il n’y aurait plus besoin de se protéger du soleil quand la peau est déjà bronzée ;
- Le fait qu’il ne serait pas utile d’appliquer de la crème en cas d’ensoleillement faible ;
- Le fait que l’application de crème solaire serait inutile lorsqu’on se baigne.
Trois clichés qui ont la peau dure et expliquent bien la mauvaise utilisation des produits solaires par nos compatriotes.