Le défi du Dry January consiste à faire une pause dans sa consommation d’alcool, dans le but de reprendre le contrôle et identifier une éventuelle addiction. La Ligue contre le cancer s’en s’est saisie de l’occasion pour faire prendre conscience de la banalisation de l’alcool en France, notamment chez les mineurs, et proposer des solutions pour endiguer cette dérive.
Un sondage édifiant
Selon un sondage OpinionWay révélé par la Ligue et baptisé « Les Français, les enfants et l’alcool », 70 % d’un échantillon représentatif de la population française de plus de 18 ans (dont des parents) ne voient « aucun problème à laisser des adolescents mineurs consommer de l’alcool à l’occasion des repas de fêtes de fin d’année », et 30 % estiment qu’« il est possible de servir de l’alcool à des adolescents de moins de 15 ans ». Plus étonnant, si l’on se focalise sur les parents parmi les répondants, ils sont 1 sur 2 à estimer que « ce n’est pas grave si un mineur goûte de l’alcool pendant les fêtes », faisant de la population de parents celle qui banalise le plus la consommation d’alcool des mineurs.
Une action cancérigène
Ce sondage montre à quel point l’alcool est banalisé dans la culture française, alors même qu’il représente le deuxième facteur de risque évitable de cancer, et est à l’origine chaque année de 28 000 nouveaux cas selon la Ligue. Cancers de la bouche, de la gorge, du larynx, de l’œsophage, de l’estomac, du foie, du sein ou encore colorectal, énumère l’association, parce que « l’éthanol contenu dans l’alcool se transforme en métabolites toxiques carcinogéniques qui agressent les cellules et en particulier l’ADN, favorisant le développement du cancer ».
La Ligue « effarée »
« Effarée par les résultats de son étude qui mettent en évidence une nouvelle fois une perception trop inoffensive du produit dans la société, la Ligue contre le cancer réaffirme sa volonté de lutter contre la banalisation de la consommation d’alcool et sa détermination à changer l’image sociétale de l’alcool », réagit-elle dans un communiqué. Elle invoque des chiffres parlants relevés par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) : en 2021, 22 % des Français dépassaient les seuils limites de consommation recommandés, et 86 % déclarent avoir consommé de l’alcool avant l’âge de 17 ans.
Quelles solutions et quels acteurs pour la prévention ?
La Ligue propose de renforcer le contrôle de l’interdiction de vente aux mineurs auprès des débits de boissons et de la grande distribution, de limiter la publicité en faveur des boissons alcoolisées dans l’espace public et sur les réseaux, et de fixer un prix minimum pour l’alcool. D’autres acteurs de terrain peuvent jouer un rôle important, notamment les pharmaciens dont certains s’impliquent dans le Dry January. Durant cette campagne comme toute l’année, les officinaux peuvent proposer aux patients des vitamines ou des compléments alimentaires à base de plantes pour aider les patients à mieux gérer leur stress et leurs troubles du sommeil lorsqu’ils freinent ou stoppent l’alcool. Des conseils en nutrition peuvent aussi être dispensés. Et, plus que tout, l’écoute du pharmacien est essentielle pour aider celles et ceux qui souhaitent dompter leur rapport à l’alcool et envisager une prise en charge médicale pour lutter contre leur addiction.