Depuis plusieurs années, le nombre de cas d’infections sexuellement transmissibles (IST) causées par des bactéries observées en France augmente fortement. Santé publique France a donc donné l’alerte en diffusant le 12 décembre des statistiques récentes sur les IST dans son Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH). Il s’agit de chiffres transmis par les généralistes participant au réseau Sentinelles, qui ont déclaré et décrit chaque semaine depuis 2020 le nombre de cas qu’ils avaient vues en consultations et qui avaient été confirmées biologiquement. Ces trois IST bactériennes ainsi surveillées par les médecins en France métropolitaine sont les infections à Chlamydia, les gonococcies et la syphilis.
Forte recrudescence
Il en ressort qu’en 2022, le taux d’incidence des cas d’infections à chlamydia était de 102 cas pour 100 000 habitants, soit + 16 % par rapport à 2020. Celui des gonococcies était de 44 cas pour 100 000 habitants, soit + 91 % par rapport à 2020. Et celui de la syphilis était de 21 cas pour 100 000 habitants, soit + 110 % par rapport à 2020. Les femmes sont majoritairement représentées dans les cas de chlamydioses, tandis que les gonococcies concernent les hommes dans 77,7 % des cas. Et pour ce qui est de la syphilis, 9 cas sur 10 concernent des hommes. Les jeunes sont les plus touchés : la classe d’âge des 16-25 ans est la plus représentée chez les patients atteints d’IST, sauf concernant la syphilis pour laquelle un pic est observé entre 30 et 39 ans. Les données des généralistes relayées par Santé publique France montrent aussi que les patients ayant contracté une gonococcie ou une syphilis ont plus souvent des partenaires multiples, et ont également davantage d’antécédents d’IST et de co-infections par le VIH que les personnes ayant été atteintes par une infection à chlamydia.
Dépistage et aussi de la prévention
Ces données décortiquées par l’agence française de santé publique amènent celle-ci à préconiser qu’un dépistage combiné des IST (VIH, IST bactériennes, hépatites B et C) soient plus largement proposé. Si le dépistage est un puissant levier d’action, la prévention en est un autre tout aussi important. Et le pharmacien, dans ce domaine, a un véritable rôle à jouer. Notamment en participant activement à inciter les jeunes à se protéger lors des rapports sexuels. Pour cela, les officinaux disposent depuis le 1er janvier 2023 d’une arme efficace : la gratuité des préservatifs des marques « Eden » et « Sortez couverts ! » pour les moins de 26 ans, sans minimum d’âge. Il suffit que les jeunes présentent au comptoir une carte Vitale ou une attestation de droits téléchargeable sur Ameli.fr, et ils obtiennent gratuitement une boîte de préservatifs dans n’importe quelle pharmacie de France.