Si médicaments et grossesse ne font pas bon ménage, il n’est pas toujours possible à une femme enceinte de se passer de traitements. C’est notamment le cas des patientes souffrant d’un asthme sévère, d’autant que cette pathologie lorsqu’elle est mal contrôlée est associée à un risque accru d’événements indésirables pendant une grossesse, tels qu’une prééclampsie, une naissance prématurée ou encore un petit poids de naissance. Si les corticoïdes inhalés et les bêta-2 agonistes (salbutamol, terulatine, salmétérol, formotérol…) peuvent être utilisés sans risque chez la femme enceinte asthmatique, la prise du traitement de référence en cas d’exacerbation de l’asthme, à savoir les corticoïdes oraux, est associée à de nombreux effets secondaires à court et long terme.
La bonne nouvelle c’est que, depuis 2003, plusieurs biothérapies traitant l’asthme sévère ont vu le jour, réduisant la fréquence des exacerbations, épargnant l’usage de corticoïdes et améliorant la qualité de vie des patients asthmatiques. Néanmoins, les données sur leur efficacité et leur sécurité chez la femme enceinte sont rares, en grande partie parce que cette population est exclue des essais cliniques.
Conception, grossesse, allaitement
C’est dans ce cadre qu’une équipe de chercheurs a lancé une consultation d’experts sur le sujet : 141 spécialistes (pneumologues, allergologues, infirmiers spécialisés, pharmaciens, obstétriciens…) de 32 pays ont participé. Ce travail international a donné lieu à une publication sous forme de consensus dans la revue « The Lancet Respiratory Medicine ». Résultat : les biothérapies contre l’asthme sévère peuvent être initiées ou continuées chez la femme enceinte, tant au moment de la conception que tout au long de la grossesse et même pendant l’allaitement.
Ce consensus s’applique à toutes les biothérapies disponibles, à savoir : l'omalizumab (Xolair de Novartis), le mépolizumab (Nucala de GSK), le benralizumab (Fasenra d’AstraZeneca), le reslizumab (Cinqaero de Teva) et le dupilumab (Dupixent de Sanofi). Seule exception, le tézépélumab (Tezspire d’AstraZeneca) en raison de retour d’expérience limitée avec ce traitement récent (2022) au moment de la consultation des experts.