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Les antibiotiques, c’est (toujours) pas automatique !

Les antibiotiques, c’est (toujours) pas automatiqu

Par Bernard Bodo

La France est en 5e position des pays européens en termes de consommation d’antibiotiques. Mais bonne nouvelle, leur utilisation est en légère baisse en 2023 dans notre pays.

A l’occasion de la semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens, du 18 au 24 novembre et de la journée européenne d’information sur les antibiotiques, le 18 novembre, l’agence Santé publique France fait le point sur la consommation d’antibiotiques dans l’Hexagone. L’an dernier, leur prescription a baissé de 0,2% en médecine de ville (820,6 prescriptions pour 1000 habitants) et leur consommation (en doses définies journalières) chute de 3,3% par rapport à 2022. Une baisse « modérée mais constante » depuis 2013, à l’exception des deux années post-Covid.


Fortes disparités

« Toutefois, nous sommes encore loin de l’objectif cible de moins de 650 prescriptions pour 1 000 habitants par an, retenu par la Stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance. Mieux sensibiliser les prescripteurs et les patients est essentiel pour atteindre nos objectifs de santé publique », souligne Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France.
L’agence constate en effet des disparités fortes en fonction de l’âge, du sexe et des territoires des patients : la baisse des prescriptions chez les moins de 5 ans fait face à la hausse de la consommation chez les plus de 65 ans ; les femmes sont plus consommatrices d’antibiotiques ; et certaines régions se démarquent défavorablement, en particulier la Corse et PACA. De même, si les prescriptions de ces traitements baissent chez les médecins généralistes, elles sont en hausse chez les spécialistes et les dentistes.


Campagne de prévention

Dans ce cadre, les autorités sanitaires rediffusent, à compter du 18 novembre, la campagne de prévention « Les antibiotiques : bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser ». Déployée à la télévision, sur Internet, à la radio et sous forme d’affiches chez les professionnels de santé, la campagne rappelle que les antibiotiques ne sont efficaces qu’en cas d’infections bactériennes, ils n’ont aucun effet sur une infection virale et qu’ils doivent être pris uniquement sur avis médical en respectant strictement la durée du traitement. Pour tout savoir sur la bonne utilisation des antibiotiques et sur la lutte contre l’antibiorésistance, Santé publique France invite à visiter le site internet officiel antibio'malin.


Le réflexe Trod angine

Par ailleurs, des initiatives locales peuvent être menées partout en France. C’est le cas dans les Hauts de France, où la communauté d’agglomération La Porte d’Hainaut s’est associée à l’agence régionale de santé (ARS) et la caisse primaire d’Assurance maladie (CPAM) pour lancer, « à l’approche du pic de fréquence des angines », une campagne de sensibilisation répondant aux objectifs de la semaine mondiale de l’antibiorésistance. Elle vise à encourager le recours au test rapide d’orientation diagnostic (Trod) angine dans 13 des 47 communes de l’agglomération, où toutes les pharmacies sont formées à son utilisation, et à terme à « susciter un changement de comportement chez les habitants afin qu’à l’avenir, ils prennent l’habitude de se rendre dans leur pharmacie pour réaliser le Trod angine ».
Une façon, pour la communauté d’agglo, à la fois de lutter contre l’antibiorésistance, d’apporter une réponse aux difficultés d’accès à un médecin généraliste en facilitant la prise en charge direct par le pharmacien, de libérer du temps médical et de proposer, à terme « la réalisation du Trod angine avec délivrance d’ordonnance sur tout le territoire ». Selon les chiffres de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, au 8 octobre, 14000 des 20000 officines françaises réalisent des Trod angine, et 370000 tests ont été effectués depuis juin 2024, date de lancement de cette nouvelle mission des pharmaciens, donnant lieu à la délivrance d’antibiotiques dans 23% des cas, c’est-à-dire lorsque le test identifie une angine bactérienne.

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