Malgré l’absence de soutien officiel de l’Etat, le Dry January (ou littéralement « janvier sec ») fait son chemin en France. Lancé en 2013 au Royaume-Uni, ce défi incitant à s’abstenir d’alcool pendant un mois juste après les agapes des fêtes a débuté en France en 2020. Depuis, il gagne en popularité auprès du public, mais les études évaluant les caractéristiques individuelles associées à la sensibilisation et à la participation restent rares.
Pour remédier à cette lacune, des psychiatres, addictologues et chercheurs français en alcoolodépendance et neurosciences ont publié le 2 décembre 2024 dans la revue Frontiers in Public Health une étude baptisée Janover visant à évaluer l’impact du Dry January en France. L’enquête a été menée en ligne du 8 au 17 janvier 2024 auprès d’un échantillon représentatif de 5000 adultes français (dont 82 %, soit 4075 personnes, étaient des consommateurs d’alcool au cours de l’année précédente). Extrapolé à l’ensemble de la population adulte française, cela correspond à 4,5 millions de participants au Dry January 2024.
De plus en plus de participants
Parmi les 4 075 personnes ayant consommé de l’alcool au cours de l’année précédente, ils étaient 61 % à connaître la campagne Dry January, et 497 à indiquer y participer. Ainsi, en janvier 2024, 12 % des consommateurs d’alcool au cours de l’année écoulée y ont participé activement. C’est beaucoup plus qu’en 2020 et 2021, où respectivement 8 % et 9 % des buveurs de l’année écoulée informés de la campagne avaient signalé un changement dans leur consommation d’alcool en lien avec le Dry January.
Des consommateurs à risque touchés
Autre enseignement important de l’étude, Janvier sans alcool parvient à toucher la cible finalement la plus intéressante à atteindre, c’est à dire les personnes identifiées comme buveurs et buveuses à risque. En effet, 32 % des participants et participantes se reconnaissent comme ayant une consommation potentiellement à risque, contre seulement 17 % chez les non-participants. Cette campagne annuelle est donc un bon levier pour atteindre cette cible.
Les jeunes adultes concernés
Les données révèlent que la participation est plus élevée chez les jeunes adultes. En effet, 29 % des 18-34 ans ont participé à l’édition 2024 du Dry January, un taux bien plus élevé que chez les 35-54 ans (20 %) et les plus de 55 ans (15 %). Ces chiffres montrent que les jeunes ont de plus en plus conscience des effets de l’alcool sur la santé, et éprouvent l’envie, même provisoirement, de se prouver qu’ils maîtrisent leur consommation.
L’étude fournit aussi des données sociologiques intéressantes. Ainsi, si la participation est équivalente dans les différentes catégories sociales, la connaissance de la campagne est plus grande parmi les CSP+ (77 % vs. 58 % chez les autres). Autant de résultats qui encouragent les structures organisatrices du Dry January français, comme la Fédération française d’addictologie, l’Association Addictions France, la Ligue contre le cancer ou le Respadd, à poursuivre cette mise en pause annuelle de l’alcool.