Selon la Caisse nationale d’assurance maladie, un Français sur deux s’attend à une prescription de médicaments à l’issue d’une consultation. Dans les faits, une seule consultation sur cinq n’aboutit pas à une telle prescription ; un chiffre nettement inférieur à celui des pays européens voisins. Pourtant, près de 9 Français sur 10 assurent qu’ils seraient satisfaits d’une consultation sans prescription à la clé, dès lors qu’on leur en explique les raisons. En miroir, 82% des médecins ressentent une forme de pression à prescrire de la part de leurs patients, en particulier de la part « d’actifs pressés de reprendre leur activité », de ceux qui ont fait des recherches sur Internet avant la consultation et de parents inquiets de l’état de santé de leur enfant. Et cela alors même qu’ils estiment à la quasi-unanimité (98%) qu’on consomme trop de médicaments en France et que 95% des généralistes sont prêts à en prescrire moins.
Faire évoluer les mentalités
Face aux résultats de ces enquêtes réalisées entre le 11 et le 30 juillet dernier auprès de 2000 Français, 1000 Européens de cinq pays (Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas et Royaume-Uni) et 300 médecins généralistes, et surtout en raison de la croissance constante des dépenses de médicaments remboursés, l’Assurance maladie vient de lancer une campagne de communication qui se déploie tout au long du mois de novembre. Son slogan : « le bon traitement, c’est pas forcément un médicament ». Le but ? Encourager les bonnes pratiques et le juste recours aux produits de santé.
Pour la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), c’est à la fois un sujet de santé publique et une question de bonne gestion des ressources à l’heure où son déficit atteint des sommets. Le message central est de « rappeler qu’une consultation médicale peut se conclure sans prescription de médicaments tout en ayant un traitement adapté à son état de santé ou à sa pathologie », avec l’objectif affiché de « faire évoluer les mentalités » en utilisant « une tonalité bienveillante et humoristique ». La campagne insiste sur l’importance « de faire confiance au médecin pour évaluer la nécessité d’un traitement et d’envisager, lorsque cela est possible, des alternatives non médicamenteuses, voire une déprescription », précise la Cnam.
Dépenses de médicaments
En 2023, l’Assurance maladie a déboursé 25,5 milliards d’euros pour le remboursement de médicaments, soit un taux de croissance annuel de 3,4% depuis 2021. Ce sont en moyenne 41 boîtes de médicaments remboursés qui sont délivrées par an et par patient. Mais cette moyenne recouvre de grandes diversités selon les tranches d’âge. Ainsi, le nombre moyen de boîtes dispensées est de 13 chez les 0-18 ans quand il est de 109 chez les plus de 79 ans.
En valeur, la somme déboursée par patient et par an s’élève à 410 euros, là aussi avec des montants contrastés selon les âges : 131 euros pour les 0-18 ans ; 1075 euros pour les 79 ans et plus. Plus surprenant, après 65 ans, le montant déboursé diffère fortement selon le sexe. Ainsi, la Cnam débourse 647 euros pour les femmes et 944 euros pour les hommes dans la tranche 65-79 ans ; et 852 euros pour les femmes et 1432 euros pour les hommes pour les 80 ans et plus. Une différence en lien, explique l’organisme, avec les coûts de traitement qui sont davantage prescrits chez les hommes, en premier lieu dans le cancer de la prostate.