Depuis la Seconde guerre mondiale, l’espérance de vie en France n’a cessé de s’allonger. Elle a même quasiment doublé si l’on considère l’ensemble du XXe siècle. Si elle atteint désormais 80 ans pour les hommes et presque 86 ans pour les femmes (chiffres de l’Insee en 2023), cette progression n’est pas pour autant l’assurance d’une vie en bonne santé ou de façon autonome jusqu’au bout.
Aussi la Direction de la recherche, des études et des statistiques (DREES) a-t-elle publié en décembre 2024 les résultats d’une enquête évaluant l’espérance de vie sans incapacité (EVSI), c’est-à-dire correspondant au nombre d’années qu’une personne peut espérer vivre sans être limitée par un problème de santé dans ses activités quotidiennes, également appelée « espérance de vie en bonne santé », ou « espérance de santé ». Selon les données de 2023, à partir de l’âge de 65 ans, les femmes peuvent espérer vivre encore 12 ans en bonne santé, et les hommes 10,5 ans.
Des maladies plus tardives
Sans incapacité forte (c’est-à-dire en l’absence de handicap), toujours à partir de l’âge de 65 ans, cette durée de l’espérance de vie atteint même 18,5 ans pour les femmes et 15,8 ans pour les hommes. Ces évolutions traduisent, selon la Drees « le recul de l’âge à partir duquel apparaissent les maladies chroniques liées au vieillissement ». Elles indiquent aussi que « lorsque ces problèmes de santé surviennent, ils peuvent n’affecter les personnes que temporairement ou pour des périodes courtes, grâce à l’amélioration de la prise en charge ».
La France bien placée par rapport à ses voisins
Autre bonne nouvelle, cette durée de l’espérance de vie en bonne santé à 65 ans est supérieure à la moyenne européenne de 2,6 ans pour les femmes, et de 1,4 an pour les hommes, classant la France au 5e rang sur 27 pour les femmes, et au 7e rang pour les hommes. Les espérances de vie sans incapacité ont atteint en 2023 un niveau légèrement supérieur à celui observé en 2019. Entre 2020 et 2022, ces espérances n’ont pas connu la croissance continue habituelle qui les caractérisait jusque-là, mais des « évolutions heurtées et importantes » (baisse en 2020, hausse en 2021, nouvelle baisse en 2022), s’expliquant par la pandémie de Covid-19, et notamment par la hausse du nombre de décès dus à l’épidémie.
La Drees a également calculé l’espérance de vie sans incapacité à la naissance, qui reflète les incapacités apparaissant dès l’enfance ou au cours de la vie active. En 2023, à la naissance, les femmes peuvent espérer atteindre l’âge de 64,2 ans sans incapacité (et plus de 77,5 ans sans incapacité forte). Pour les hommes, ces seuils se situent respectivement à 63,6 ans et 73,8 ans.
