Face à l’engouement pour les produits à base de cannabidiol (CBD), une substance naturellement présente dans la plante de cannabis, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a lancé, le 3 avril 2023, un appel à la prudence concernant cette substance à la mode. Ses experts ont passé en revue les récentes études sur les nombreux effets prêtés au CBD.
« Les ventes de produits contenant du CBD se multiplient, mettant en avant des vertus bien-être. Mais scientifiquement, rien n’est prouvé sur les éventuels effets thérapeutiques du cannabidiol », lit-on dans le communiqué de l’Inserm. « Les essais cliniques manquent pour confirmer d’éventuels effets thérapeutiques du CBD sur l’anxiété, le sommeil ou autre, ou ne concernent que de trop petites cohortes de patients pour être représentatifs ». Étonnant pour un produit qui a déjà été testé par 10 % des Français et est consommé au moins une fois par semaine par 5 % d’entre eux ! Tangui Barré, du laboratoire Sciences économiques et sociales de la santé et traitement de l’information médicale (Sesstim) à Marseille, avance une explication : « Le CBD n’est pas un produit brevetable en tant que tel, donc peu d’essais cliniques sont financés. »
Débuts de preuves sur les addictions
L’effet bien-être est donc commercialement mis en avant mais il ne repose pas sur des preuves très fiables ni nombreuses. Cependant, il existe bien des études qui elles ont démontré d’autres effets du cannabidiol. Ainsi un médicament, l’Epidyolex, est autorisé en France pour traiter les crises d’épilepsie associées au syndrome Lennox-Gastaut. Et contre les addictions, une méta-analyse réalisée en 2019 par des Français, parue dans Frontiers in Pharmacology, semble indiquer que chez la souris, le CBD induit une diminution de la consommation d’alcool et une très légère réduction des lésions au foie. Une piste intéressante qui va être creusée chez l’homme dès le 2e semestre 2023 par l’étude Caramel, premier essai clinique sur le traitement de l’alcoolo-dépendance par le CBD (Centre hospitalier Le Vinatier à Lyon). Des pistes sont explorées également pour utiliser le CBD afin de réduire la consommation de cannabis. L’Inserm rappelle par ailleurs que si le CBD ne provoque pas de dépendance, il n'en est pas moins un psychotrope et que le seuil légal de concentration fixé à moins de 0,3 % peut suffire à altérer la conduite automobile. Le risque d’interactions médicamenteuses n’est pas négligeable non plus.