C’est un chargé de recherche expert en allergologie moléculaire à l’Institut Pasteur, Pascal Poncet, qui est tombé sur un os, ou plutôt un noyau, en étudiant l’acérola. Ce fruit tropical pousse aux Antilles, au Brésil ou à La Réunion, mais il fleurit aussi dans les rayons des pharmacies en raison de sa forte teneur en vitamine C, A, B1, B2, B6, ainsi qu’en manganèse, caroténoïdes et flavonoïdes.
Un cas qui pose question
La mésaventure médicale d’un enfant est à l’origine de la découverte que Pascal Poncet et ses collègues viennent de faire sur l’acérola et qui a fait l’objet d’une publication dans la Revue française d’allergologie, le 13 mai 2022. En effet, ce petit garçon a été pris en charge pour deux réactions allergiques successives (on parle de choc anaphylactiques) survenues, à chaque fois, après avoir ingéré des produits contenant de l’acérola. Le Sherlock Holmes de l’allergologie a alors contacté ses collègues de La Réunion pour se faire envoyer le fruit par avion à son laboratoire, afin d’en produire des extraits et d’en évaluer notamment le potentiel allergisant.
Un risque allergique avéré
Les expériences menées avec le sérum de l’enfant n’ont pas pu permettre de comprendre les causes de ses réactions allergiques. En revanche, d’autres expériences ont donné des résultats intéressants. Il faut savoir que pour mener leurs études habituelles, les chercheurs disposent de sérums de patients dits « patients-contrôle », c’est-à-dire, dans ce cas, connus pour être allergiques. Or, parmi ces sérums, ceux sensibles aux « protéines de transfert lipidique » (LTP en anglais) typiques des noix, noisettes, pêches, arachides, pollens d’olivier, d’armoise ou de platane ont réagi et reconnu une LTP dans l’acérola. « Il y a suffisamment de ressemblance entre la LTP d’acérola et la LTP de différentes autres sources allergéniques pour qu’une personne sensible aux LTP de noix ou de pêche, qui s’apprête à boire un jus d’acérola, risque un choc », met en garde le chercheur.
En attendant des recommandations officielles, ce dernier conseille la prudence « aux personnes connues pour être allergiques aux LTP de noix, pêche ». Ces dernières « devraient éviter de consommer de l’acérola. Et la moindre brûlure ressentie en croquant une pastille ou en buvant un jus d’acérola doit conduire à recracher la substance pour ne pas courir de risque inutile. »
