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Faut-il demander de l’iode à votre pharmacien ?

Faut-il demander de l’iode à votre pharmacien ?
La guerre en Ukraine et le risque d’accident nucléaire inquiètent de très nombreuses personnes. Cependant, l’intérêt de disposer de comprimés d’iode pour se protéger est très limité. Voici pourquoi !

L’iode est un oligo-élément naturel indispensable au fonctionnement de notre corps. On le trouve dans l’eau et les aliments que nous consommons (poissons, viandes, fruits, lait...). « L’iode est essentiel pour l’organisme humain car il intervient dans la fabrication des hormones thyroïdiennes », explique le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). La thyroïde est une petite glande (environ 5 cm chez l’adulte) située sur le devant du cou. La thyroïde fabrique des hormones qui jouent un rôle essentiel chez l’humain (croissance, développement intellectuel...) et particulièrement chez l’enfant, dès la vie intra-utérine. Quel que soit l’âge, ces hormones dites thyroïdiennes contrôlent le fonctionnement de l’organisme. Pour les fabriquer, la glande utilise des molécules d’iode.

Que se passe-t-il en cas de libération d’iode radioactif ?

En cas d’incident au niveau d’une station nucléaire, de l’iode radioactif provenant d’une réaction physique qui a lieu à l’intérieur du réacteur d’une centrale nucléaire peut être rejeté dans l’environnement.

Cette substance, dès lors répandue dans l’atmosphère, pourra être inhalée ou avalée via des aliments contaminés. Or, on sait que la fixation d’un composé radioactif sur un organe augmente très fortement le risque de provoquer ensuite le développement d’un cancer. C’est pourquoi, en cas d’accident nucléaire, les autorités peuvent inciter la population à prendre des comprimés d’iode dite stable, qui est semblable à celui que l’on trouve dans la nature et l’alimentation. Celui-ci va venir saturer les récepteurs thyroïdiens et empêcher la fixation de sa version radioactive. On limite ainsi fortement les risques pour la santé.

Un délai à respecter

Les comprimés d’iode stable doivent être pris au « bon » moment. L’efficacité maximale de l’absorption d’iode est constatée s’il est ingéré dans les 6 à 12 heures après l’exposition à de l’iode radioactif. Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), une administration plus précoce réduira fortement son efficacité. A contrario, au-delà de 24h, leurs effets secondaires sont plus graves que les bénéfices attendus (troubles digestifs mais aussi cardiaques).

Comment s’en procurer ?

L’iode stable, présenté sous forme de comprimés, est distribué uniquement en cas de circonstances particulières. Il n’est pas possible de s’en procurer en pharmacie en dehors d’une alerte organisée par les autorités de santé.

Selon l’Ordre des Pharmaciens, la France a fait le choix de mettre en place deux dispositifs complémentaires de distribution de comprimés d’iode :

  • Une distribution préventive autour des centrales nucléaires de production d’électricité, à savoir dans un rayon de 20 km. Cette distribution est réalisée dans le cadre de campagnes nationales mises en place par l’Etat et l’exploitant, et concerne les foyers, les entreprises publiques et privées et les établissements recevant du public (écoles, administrations, etc.).
  • En complément, une distribution en urgence à l’ensemble de la population est possible en cas de besoin. Pour cela, l’Etat dispose de stocks qui sont pré-positionnés :
    • Dans les départements (y compris en outre-mer), chez des grossistes-répartiteurs pharmaceutiques, selon un maillage territorial permettant de conserver les stocks dans de bonnes conditions et de les mettre à disposition de la population dans des délais très courts ;
    • Dans les zones de défense et de sécurité, sur des plateformes permettant de réapprovisionner les départements, si nécessaire.

Actuellement, la France dispose de stocks suffisants pour permettre une délivrance à l’ensemble de la population.

La posologie recommandée

En cas d’alerte et à la demande des préfets départementaux, une distribution d’iode pourra être organisée. Selon l’âge des personnes, voici la posologie recommandée en iode stable :

  • Personne de plus de 12 ans : 2 comprimés à dissoudre dans une boisson (eau, lait)
  • Enfant de 3 à 12 ans : 1 comprimé à dissoudre dans une boisson (eau, lait)
  • Enfant de 1 mois à 3 ans : 1/2 comprimé à dissoudre dans une boisson (eau, lait)
  • Enfant jusqu’à 1 mois : 1/4 de comprimé à dissoudre dans une boisson (eau, lait)

 

Quelles sont les contre-indications à la prise d’iode ?

Il existe quelques rares cas de contre-indications à la prise d’iode stable : il s’agit de maladies thyroïdiennes présentes ou passées (goitres compressifs, hypersensibilités connues à l’iode, dermatites herpétiformes, vascularites avec hypocomplémentémie). Dans ces situations particulières, il est nécessaire de se renseigner auprès de son médecin traitant sur la pertinence d’une prise d’iode.
A noter : la grossesse et l’allaitement ne sont pas des contre-indications.

 

Une protection très partielle

Si les comprimés d'iode sont efficaces pour éviter une fixation de l’iode radioactif, ils n'offrent en revanche aucune protection contre les autres substances radioactives qui pourraient être libérées en cas d’incident impliquant une réaction nucléaire, telles que le césium 134 ou le césium 137. De plus, en cas d’attaque par une bombe nucléaire, c’est plutôt la très forte chaleur libérée et la déflagration qui seront à l’origine des blessures et décès… Le plus efficace pour se protéger reste de se mettre à l’abri. Il est recommandé de s’enfermer dans un bâtiment en dur, de couper la ventilation et de fermer portes et fenêtres.

 

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