Faut-il craindre le parvovirus B19 ?

Faut-il craindre le parvovirus B19 ?

Par Africa Studio

La France connaît une épidémie de « cinquième maladie », causée par le parvovirus 19. De quoi s’agit-il ? A quel point ce virus est-il dangereux ?

Une épidémie d’infections à Parvovirus B19 sévit en France, touchant tous les âges mais surtout les enfants. L’épidémie, qui a débuté en mai 2023, s’est intensifiée au dernier trimestre 2023 et poursuit sa progression en 2024. L’infection par ce virus est généralement bénigne et se caractérise par une éruption rouge qui commence sur les joues et s'étend généralement aux mains et pieds

Une infection généralement bénigne

Il faut d’abord indiquer qu’en général, les infections à parvovirus B19 sont bénignes, parfois même asymptomatiques. Chez les enfants ayant un système immunitaire normal, elles provoquent classiquement des rougeurs : on parle d’érythèmes infectieux. Le petit sera dit atteint par la « cinquième maladie », c’est-à-dire la 5e infection virale provoquant des éruptions cutanées infantiles avec la rougeole, la rubéole, la varicelle et la roséole.

Le plus souvent, l’enfant développe une éruption rouge sur le visage, en forme de « joue giflée », apparaissant quelques jours après les premiers symptômes type fièvre, taux, maux de tête, de gorge. La situation rentre généralement dans l’ordre en 7 à 10 jours, parfois quelques semaines. Certaines personnes, surtout les adultes, connaissent des douleurs articulaires passagères. Enfin, une large partie de la population adulte a déjà rencontré ce virus, ce qui fait dire aux experts que 50 % des adultes environ ont déjà eu une infection par le Parvovirus B19 et bénéficient d’une protection immunitaire.

Quantifier l’épidémie

Les signaux permettant de parler d’une épidémie proviennent de certains services hospitaliers de périnatalité indiquant une augmentation de fausses couches et de morts fœtales en lien avec une infection à parvovirus B19. Et des données de laboratoire montrent des tests positifs pour ce virus dans les prélèvements de liquide amniotique. Ces deux éléments n’ont pu être quantifiés nationalement mais mettent en alerte les autorités.

Par ailleurs, certains urgentistes et réanimateurs ont signalé une recrudescence du nombre de cas d’infections sévères à parvovirus B19, sans que cette donnée n’ait pu être quantifiée. Et la surveillance virologique a mis en évidence une hausse du nombre de diagnostics dans les trois groupes de population observés : les moins de 15 ans, les femmes de 20-40 ans et les 15 ans et plus. Enfin, les données de passage aux urgences montrent une légère augmentation des hospitalisations.

En parallèle, une donnée chiffrée illustre cette circulation inhabituelle du virus : le nombre de décès liés à ces infections. En période prépandémique, il était en moyenne de 1,8 par an, surtout chez des adultes. Et en 2024, 5 décès ont été enregistrés, tous chez des enfants, et dans 4 des 5 cas chez des moins d’un an après une infection congénitale.

Attention aux femmes enceintes et leurs bébés, et aux immunodéprimés !

C’est cette mortalité chez de très jeunes enfants qui préoccupe. Car l’infection par le parvovirus B19, bénigne dans la plupart des cas, se révèle dangereuse pour les fœtus et les très jeunes enfants. Une future mère infectée peut transmettre le virus à son bébé en développement, l’exposant à une anémie grave. « Avoir une infection par le parvovirus B19 pendant la grossesse peut augmenter le risque de fausse couche ou de perte de grossesse d’environ 5 %, situation qui ne survient généralement que dans la première moitié de la grossesse », lit-on sur le site des CDC américains.

Dans ce contexte, les autorités françaises recommandent de sensibiliser les professionnels de santé « sur la persistance d’une incidence élevée et d’une saison épidémique qui se prolonge de façon inhabituelle ». Elles invitent à « informer sur les risques particuliers chez l’enfant immunodéprimé/drépanocytaire et chez la femme enceinte » et sur la nécessité dans ces situations « d’éviter tout contact avec une personne atteinte ou suspectée d’être atteinte par une infection à parvovirus B19 ». Elles ajoutent que « dans le contexte épidémique actuel, une diminution des mouvements actifs fœtaux doit conduire rapidement à consulter un centre spécialisé ».

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