C’est un trafic qui est dénoncé depuis une dizaine d’années par les pharmaciens, et qui tend à prendre de l’ampleur. De fausses ordonnances circulent, permettant à des personnes de se fournir, aux frais de l’Assurance maladie, en médicaments. Ces traitements sont ensuite revendus, notamment à l’étranger. Il s’agit soit de traitements très onéreux tels que des anticancéreux, soit de médicaments stupéfiants (dérivés de la morphine).
Dans une enquête journalistique, France Info raconte « avoir pu se procurer en quelques heures l’une de ces fausses ordonnances », en utilisant les réseaux sociaux et l’application de messagerie Telegram. En effet, c’est par ce moyen que les arnaqueurs prennent contact avec leurs futurs complices, leur promettant une rémunération en échange d’une visite à la pharmacie pour présenter l’ordonnance frauduleuse qu’ils leur fournissent. « Après avoir envoyé notre nom, prénom, âge et ville, une fausse ordonnance arrive dans notre boîte mail. Elle ressemble à s'y méprendre à une vraie. On retrouve l'en-tête d'un hôpital parisien, le nom d'un médecin, et le traitement prescrit : un médicament contre le cancer des ovaires à plus de 4 500 euros la boîte », raconte la journaliste. Et de préciser : « Pour certains traitements, le prix peut monter jusqu’à 14 000 euros la boîte. »
Des complices pour arnaquer la Sécurité sociale
Au complice qui accepterait d’utiliser son identité pour se faire délivrer le traitement, les trafiquants promettent 100 à 200 euros par boîte de médicament récupérée. La condition pour être recruté ? bénéficier de la CMU (couverture maladie universelle) ou d’un remboursement à 100 %, ce qui permet au faux patient de ne pas avancer le coût du traitement au moment où il se le fait délivrer.
Selon l'Office central de lutte contre les atteintes à la santé et à l'environnement (OCLAESP) cité par France Info, ces médicaments sont ensuite revendus à l’étranger. « Mais ils sont souvent transportés dans de si mauvaises conditions qu’ils ne sont plus efficaces une fois sur place. [Cependant] les escrocs, eux, font une marge confortable : plusieurs centaines voire plusieurs milliers d'euros sur chaque boîte, tout cela sur le dos de l'Assurance maladie. »
L’espoir de la e-prescription
Si les ordonnances frauduleuses sont de plus en plus perfectionnées et donc difficiles à identifier, les pharmaciens d’officine, représentés notamment par leur Ordre, ainsi que l’Assurance maladie misent sur le développement de la e-prescription. Avec ce système appelé à se généraliser, les ordonnances sont conservées sur un serveur sécurisé, et l’on ne peut y accéder qu’à l’aide d’un système de QR code. Un moyen moderne de couper l’herbe sous le pied des escrocs.