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Face à la bronchiolite, l’embarras du choix

Face à la bronchiolite, l’embarras du choix
Pour protéger les nouveau-nés mais aussi les seniors du VRS, plusieurs solutions existent cette année.

La campagne d’immunisation des nouveau-nés et des nourrissons (jusqu’à 1 an) contre les formes graves d’infections à VRS (virus respiratoire syncytial) a débuté en septembre. Plusieurs options, dont certaines récemment autorisées, s’offrent désormais aux parents des enfants qui naissent en pleine période d’épidémie de bronchiolite (d’octobre à février). Car chaque année en France c’est à cette époque qu’environ 30% des nourrissons de moins de 2 ans sont touchés par la maladie et 2 à 3% des moins d’un an sont hospitalisés car ils développent une forme sévère.

La stratégie, non obligatoire, consiste d’une part à vacciner la femme enceinte pendant la grossesse avec le vaccin Abrysvo – autorisé en août – : la future maman va produire des anticorps spécifiques ciblant cette infection et ces derniers vont passer aussi dans le sang du bébé, où ils persisteront après sa naissance, ce qui le protègera efficacement. On parle de protection passive contre le VRS chez les nourrissons de 0 à 6 mois.

L’autre possibilité est d’administrer, toujours en prévention, l’anticorps monoclonal Beyfortus - déjà utilisé en France l’hiver dernier - directement aux nouveau-nés et nourrissons, avant leur sortie de la maternité. Par ce geste, qui n’est pas une vaccination, on leur injecte directement les anticorps.

Deux stratégies thérapeutique pour un même objectif

La Haute autorité de santé (HAS) ne recommande pas plus l’une ou l’autre de ces possibilités car « aucune étude n’a comparé directement la vaccination de la femme enceinte contre le VRS avec le traitement préventif pour le bébé ». Elle en conclut qu’il « n’est donc pas possible scientifiquement de privilégier une option plutôt qu’une autre » et insiste sur « la préférence » des parents, qu’elle considère « essentielle », leur « ressenti,(…) ce qui compte le plus » pour eux. Afin de les aider à comparer les options recommandées, et d’alimenter leur réflexion et leurs échanges avec leur médecin ou sage-femme, elle a toutefois mis en place un outil de décision partagée. Il présente les caractéristiques de chacune des alternatives.
Dans certains cas, la HAS rappelle toutefois que le choix n’est pas possible, et il faudra utiliser Beyfortus : par exemple lorsque la femme enceinte est immuno-déprimée ou si la future maman a été vaccinée mais qu’elle accouche prématurément, moins de deux semaines après l’injection. Il faudra donner Beyfortus au nouveau-né car le corps de sa mère n’aura pas eu le temps de fabriquer assez d’anticorps à lui transmettre.
Par ailleurs, l’utilisation de Beyfortus comme d’Abrysvo ne doit pas dispenser des gestes barrières.

Un vaccin pour la maman

Le vaccin Abrysvo, injecté entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée (absence de règles), a le mérite d’éviter au bébé une injection après la naissance. Chez la femme enceinte, il peut être administré en même temps que deux vaccins recommandés durant la grossesse, ceux contre la grippe et le Covid-19.

Il a par ailleurs l’avantage de protéger le nourrisson dès la naissance et pendant les trois premiers mois de vie. Cette protection diminue ensuite entre les 3 et 6 mois de l’enfant. Disponible en pharmacie de ville sur ordonnance, il coûte 196,10 euros, pris en charge à 100% au titre de l’assurance maternité. Le calendrier vaccinal a été modifié le 2 octobre. Il intègre désormais la vaccination contre le VRS par Abrysvo, et autorise de fait les pharmaciens et les infirmiers à prescrire et administrer le vaccin.

Un traitement préventif pour le bébé

L’anticorps monoclonal Beyfortus est connu depuis l’an dernier. Les parents avaient alors massivement adhéré à ce traitement préventif (entre 80 et 90 % des familles l’ont demandé). Près de 250 000 nourrissons l’ont reçu. Selon des travaux de modélisation de Santé publique France et de l’Institut Pasteur, 5 800 hospitalisations ont été évitées grâce à ce médicament.
Administré avant la sortie de la maternité, Beyfortus apporte au bébé une protection qui est maximale 6 jours après l’injection et dure au moins 5 mois. A l’hôpital un autre anticorps monoclonal peut aussi être proposé, Synagis, dans les cas particuliers de prématurité, cardiopathies congénitales, ou dysplasie broncho-pulmonaire.
En pharmacie de ville, Beyfortus, disponible sur ordonnance, coûte 401,8 euros, pris en charge à 30% par l’Assurance maladie. Le restant, d’un montant de 281,26 euros, est pris en charge ou non, selon chaque mutuelle. Les médecins, les sage-femmes et les infirmiers sont autorisés à l’administrer quand la vaccination n’a pas eu lieu à la maternité.

Un recul rassurant

Beyfortus comme Abrysvo diminuent le risque pour le bébé, dans le même ordre de grandeur chacun, d’être hospitalisé et de faire une forme grave. Tous deux peuvent donner lieu à des effets indésirables, bien que peu fréquents, entre autres une éruption cutanée et une réaction au point d’injection. Une première enquête de pharmacovigilance (surveillance des éventuels effets secondaires nocifs) a été réalisée pour Beyfortus, et les résultats ont été rendus publics le 1er octobre. Ils  « confirment la balance bénéfices/risque positive » de Beyfortus contre la bronchiolite.

Sur 198 cas déclarés en pharmacovigilance, les trois-quarts ont fait état soit d’une moindre efficacité du vaccin, soit de son inefficacité avec l’apparition de la maladie chez les enfants ayant reçu l’anticorps, sans pour autant conduire à des décès. Des cas de troubles respiratoires, de syndrome grippal, baisse d’appétit, baisse du tonus musculaire, qui ont tous évolué favorablement, ont été rapportés. Un seul cas d’accident vasculaire cérébral a été rapporté. Pour le moment, le lien de causalité entre Beyfortus et ces effets n’a pas été établi.

Les seniors ne sont pas en reste

Autre nouveauté cette année, la vaccination contre le VRS concerne également les seniors : elle est ainsi recommandée par la HAS aux sujets de 75 ans et plus, ainsi qu'à ceux de 65 ans et plus présentant des pathologies respiratoires chroniques (comme la broncho-pneumopathie chronique obstructive, BPCO) ou cardiaques (en particulier l’insuffisance cardiaque). Selon la HAS , les plus de 75 ans ont représentés 61% des hospitalisations et 78% des décès liés aux VRS lors de l’hiver 2022-2023. Pour éviter cela, deux vaccins sont possibles : Abrysvo ou Arexvy, tous deux autorisés à partir de 60 ans depuis cet été. Disponibles en pharmacie de ville sur ordonnance, ils ne sont pas encore pris en charge par l’assurance maladie, et nécessitent de débourser environ 200 euros. Un troisième vaccin contre le VRS chez les seniors a été autorisé fin août en Europe, mResvia. Il s’agit d’un vaccin à ARNm. Il n’est pour le moment pas commercialisé en France.

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