Les anomalies de fermeture du tube neural (AFTN) sont des malformations congénitales susceptibles d’entraîner des conséquences très graves sur le développement du cerveau et de la moelle épinière du bébé, qu'on connait notamment sous le nom de Spina bifida. Leur incidence est importante puisqu’elles concernent plus d’une grossesse sur 1000 en France. Plusieurs facteurs de risque peuvent favoriser ces malformations : les antécédents familiaux d’AFTN, la prise de certains médicaments (notamment les antiépileptiques), le diabète, l’obésité et un apport insuffisant en folates (c’est-à-dire en vitamine B9 appelée également acide folique), un micronutriment apporté par l’alimentation, chez la future maman.
Trop peu de femmes supplémentées en B9
Chez les femmes désireuses d’avoir un enfant, un apport de 600 microgrammes par jour de vitamine B9 est nécessaire au moins quatre semaines avant la conception, puis jusqu’à 12 semaines d’aménorrhée. Un apport qui en réalité est « rarement atteint par la population » selon l’Anses. « D’après plusieurs études françaises et l’Enquête périnatale 2021, moins d’un tiers des femmes déclarent avoir commencé une supplémentation en vitamine B9 avant la grossesse, tel que cela est recommandé », déplore l’agence sanitaire. Et la situation est moins bonne au sein des milieux défavorisés. « Des études montrent que plus les mères sont jeunes et d’un niveau d’éducation bas, moins elles déclarent avoir commencé à prendre de la vitamine B9 avant leur grossesse », souligne l’Anses dans un avis d’expertise publié le 19 décembre 2024.
La farine, l’aliment idéal
Face cette réalité, l’Anses, qui vient de mener une expertise sur la prévention des AFTN, conclut qu’« un enrichissement systématique en acide folique à 200 microgrammes/100 g des farines de blé, blanches et complètes, permettrait de réduire les risques d’AFT en France ». Un moyen simple et efficace d’atteindre toute la population française, y compris les milieux populaires. « La farine de blé a été choisie comme l’aliment à enrichir pour deux raisons, explique Vincent Bitane, coordinateur scientifique de l’expertise. Il s’agit d’un ingrédient utilisé dans de nombreux produits couramment consommés (pains, biscuits, etc) et ces produits sont économiquement accessibles pour l’ensemble des femmes ciblées ». Et l’Anses d’ajouter que « dans les nombreux pays où cette mesure a déjà été mise en œuvre, une diminution des risques d’AFTN a été constatée ». Une résolution de l’OMS de 2023 incite d’ailleurs les Etats à recourir à cet enrichissement systématique en acide folique, qui permet d’augmenter les apports de toute la population sans toutefois l’exposer à un risque sanitaire.
La supplémentation toujours
Evidemment, cette mesure ne se substituerait pas à la recommandation de supplémenter en vitamine B9 les femmes dès le projet de grossesse. Elle viendrait en complément, pour toucher notamment les futures mères qui sont les plus éloignées de la prévention. L’Anses préconise d’ailleurs de « sensibiliser davantage les professionnels de santé à la prévention des AFTN auprès des femmes en âge de procréer ». Il est nécessaire selon elle « d’informer ces femmes de l’importance d’une alimentation riche en légumes secs (pois chiche, haricots rouges), légumes vert foncé (épinards, brocolis, laitue) et de recourir à une supplémentation en acide folique avant d’être enceinte puis pendant les trois premiers mois de la grossesse ».