Toutes les rubriques / Conseils de pharmacien / Santé publique / Des sanctions contre le protoxyde d’azote

Des sanctions contre le protoxyde d’azote

Des sanctions contre le protoxyde d’azote

par ink drop

Pour renforcer la lutte contre les usages dangereux du gaz parfois appelé « hilarant », les sénateurs souhaitent mettre en place des sanctions financières.

Punir les usages détournés du protoxyde d’azote, en forte augmentation chez les jeunes permettra-t-il de limiter les intoxications ? Le Sénat a en tout cas décidé début mars 2025 de voter contre la consommation de ce produit lorsqu’elle est faite dans un but récréatif, en adoptant début mars une proposition de loi qui la pénalise par une amende de 3e classe de 450 euros. Le non-respect de l’interdiction de vente de nuit serait sanctionné par une amende de 3 750 euros. L’incitation à la consommation à des fins psychoactive ainsi que la vente aux mineurs seraient punies de 7 600 euros d’amende.

Un usage détourné et banalisé

Le protoxyde d’azote d’azote - plus connu sous le nom de « gaz hilarant » ou « proto » - est vendu dans le commerce sous forme de cartouches ou capsules métalliques. Il est utilisé pour la fabrication « maison » de crème chantilly, ou dans un cadre médical (il sert d’anesthésiant ou d’anti-douleur). Détourné de ces usages premiers, il est consommé par des personnes à la recherche d’effets euphorisants immédiats.
Selon la commission des affaires sociales du Sénat, la moyenne d’âge des consommateurs de protoxyde d’azote se situe entre 22 et 25 ans. Les mineurs sont des consommateurs marginaux.


Pas du tout inoffensif

Sa vente étant légale et ses effets disparaissant rapidement, les risques graves pour la santé, en particulier lors d’une consommation répétée ou à forte dose, sont souvent banalisés. Pourtant son inhalation peut entraîner des complications sérieuses dès la première prise, allant des vertiges, de la perte de connaissance, de l’asphyxie et des brûlures, à des troubles neurologiques graves pouvant mener à la paraplégie (paralysie des jambes), mais aussi des troubles hématologiques (relatifs aux cellules du sang), cardiaques ou psychiatriques, selon la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives). Et sa consommation quotidienne peut entraîner une véritable dépendance nécessitant une prise en charge adaptée.

Vers une interdiction totale ?

En 2021, la commercialisation du protoxyde d’azote a été interdite dans les tabacs et débits de boisson. Elle a également été interdite aux mineurs, quel que soit le circuit de distribution. Un arrêté paru en 2023 est également venu limiter les volumes de vente aux particuliers, a interdit la commercialisation sous forme de bouteilles et bonbonnes, et a réduit la taille des cartouches. Il reste toutefois en vente libre en ligne et dans les commerces de proximité.
En plus des sanctions qu’elle instaure, la proposition de loi adoptée au Sénat prévoit également la formation des professionnels de santé sur les usages détournés du protoxyde d’azote. Au cours de la discussion générale autour du texte, le ministre de la santé Yannick Neuder a également indiqué que son ministère mènerait « d’ici l’été », une campagne de sensibilisation auprès des jeunes concernant l’ensemble des addictions. Il a également évoqué des travaux européens en cours qui pourraient mener à d’importantes restrictions, voire à une éventuelle interdiction du protoxyde d’azote. 
 

Publications Similaires