Michel Barnier a choisi la date symbolique du 25 novembre, celle de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, pour présenter de nouvelles mesures relatives à cette thématique au coeur de l'actualité. En effet, c'était également un jour de plus au procès dit de Mazan, qui amène devant la Justice Dominique Pélicot, un homme qui a drogué sa femme à l'insu de celle-ci en lui administrant des médicaments avant de lui faire subir de très nombreux viols. Le Premier ministre a notamment annoncé l'expérimentation « du remboursement par l'Assurance maladie de kits pour détecter la soumission chimique des potentielles victimes » et leur mise à disposition dans les pharmacies. Le calendrier exact et les départements concernés restent cependant à préciser.
Les pharmaciens solidaires
Le président de la FSPF, syndicat des titulaires d’officines, a indiqué qu’il était « bien-sûr favorable à cette opération », rappelant que « les femmes peuvent compter sur les pharmaciens d'officine » pour accompagner ce genre de mesure d'aide aux victimes. De leur côté, dans un communiqué, les étudiants réunis au sein de l'Anepf ont annoncé soutenir le développement d'« une formation [des pharmaciens et étudiants en pharmacie] à la prise en charge de premier secours et à la réorientation des personnes ayant été potentiellement soumises chimiquement », ainsi que « la possibilité que ces tests soient réalisés au sein même de l’officine, dans une zone de confidentialité, afin de favoriser l’accompagnement du patient par le pharmacien ».
L’Ordre des pharmaciens en soutien
En parallèle, l'Ordre des pharmaciens, en association avec l’association #MendorsPas (fondée par la fille de Gisèle Pélicot), s'est engagé dans une campagne de communication destinée à faire connaître la plateforme nationale dévolue à l’orientation des victimes suspectant une soumission chimique et à l’accompagnement des professionnels. Baptisée Centre de référence sur les agressions facilitées par les substances ou CRAFS, elle est dotée d'un site internet mettant à disposition des informations pratiques sur le sujet, mais aussi d'un service de téléconseil spécialisé et personnalisé pouvant répondre aux questions « sur les substances utilisées en soumission chimique, leurs délais de détection, les analyses et autres recueils de preuve ».
Salima Saa, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, l'a évoquée lors d'une interview accordée au média en ligne Konbini : « Nous allons coller des stickers dans les plus de 20 000 pharmacies en France, avec un QR code [renvoyant vers] le site internet de la plateforme du CRAFS, qui permet [aux victimes potentielles] d'être orientées, écoutées et de savoir ce qu'il faut faire. »
Une course contre la montre
Comme l’explique le site du CRAFS, la prise en charge d’une victime suspectant une soumission chimique « est une urgence car elle engage une course contre la montre aussi bien sur le plan judiciaire (élimination rapide des substances impliquées, disparition des éventuelles lésions, destruction de l’ADN étranger…) que sur le plan sanitaire (évaluation médicale, mise en place d’une prophylaxie anti-IST et/ou d’une contraception d’urgence et suivi infectieux dans le cadre de viol, accompagnement psychologique…) ».
On dispose de maximum 48h pour prévenir, par la prise de médicaments disponibles à l’hopital, une contamination par le VIH/hépatite B, de 5 jours maximum pour la contraception d’urgence, de 5 jours au maximum pour réaliser les prélèvements toxicologiques. L’élimination totale des substances peut prendre quelques heures à quelques jours. Il faut également respecter une fenêtre de quelques jours seulement pour prélever l’ADN étranger et les spermatozoïdes. Sans oublier que la disparition des éventuelles traces de violences (ecchymoses, hématomes, plaies…) est progressive.
Le CRAFS déjà actif
Toutes les personnes souhaitant avoir plus d’informations sur la conduite à tenir si elles pensent avoir été droguées à leur insu peuvent joindre les conseillers pharmacologues du CRAFS au 01 40 05 42 70, du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 18h. Il ne s’agit pas d’un numéro d’urgence : les services habituels restent disponibles également. En cas de danger, composez le numéro d’urgence européen (112), la police (17), le numéro d’urgence pour les violences intrafamiliales et personnes sourdes ou malentendantes (114 par SMS), le Samu (15) ou les pompiers (18).