L’image d’émancipation de la pilule contraceptive a laissé place à celle des risques encourus pour la santé lors de son utilisation. C’est ce qui ressort de diverses enquêtes menées notamment en France auprès de jeunes femmes. Selon la plateforme de données statistiques Statista, le premier réflexe à l’évocation de la pilule chez les femmes de 15 à 24 ans est de parler des effets secondaires. Elles ne remettent pas en cause son efficacité mais pointent les risques pour la santé.
Dans les faits, ce sont principalement les pilules oestroprogestatives qui sont mises au banc. Depuis la mise en avant d’un surrisque de thrombose avec les pilules de 3e et 4e générations au début des années 2010, l’agence du médicament note un net recul de l’utilisation de la pilule combinée, toutes générations confondues, au profit des pilules contenant seulement un progestatif. Outre le risque thrombotique, les jeunes femmes s’inquiètent d’effets indésirables à court terme (perte de libido, prise de poids) et à long terme, en particulier de la survenue de cancers.
Une balance bénéfice/risque à prendre en compte
S’appuyant sur les nombreuses études sur le sujet ces dernières années, l’Institut national du cancer (INCa) indique ainsi « une légère hausse du risque de cancers du sein, du col de l’utérus et du foie » avec les pilules combinées, risque qui diminue au fil du temps après l’arrêt. Il souligne néanmoins que ces mêmes pilules abaissent le risque de cancers de l’ovaire et de l’endomètre et peut-être même aussi celui de cancer colorectal.
Dans ce contexte, l’étude italienne qui vient d’être publiée apporte des réponses nouvelles et positives. L’équipe de chercheurs a réalisé un examen systématique de toutes les causes de cancer en Italie afin d’évaluer la proportion des cancers et décès par cancer en 2020, attribuables ou au contraire évités par les facteurs reproductifs (accouchements, allaitements) et hormonaux exogènes (pilule combinée, traitement de la ménopause).
Net effet protecteur
Résultats : les pilules oestroprogestatives ont été responsables de 4,4% des cancers du sein (245 cas, 19 décès) et de 10,9% des cancers du col de l’utérus (66 cas, 6 décès) chez les femmes de 15 à 44 ans, en Italie, en 2020. A contrario, ces contraceptifs ont permis d’éviter 6,4% de cancers de l’endomètre (572 cas, 146 décès), 5,6% de cancers de l’ovaire (307 cas, 194 décès) et 2,9% de cancers colorectaux (606 cas, 260 décès) chez les femmes de toutes les tranches d’âge.
Globalement, la part des cancers attribuables aux pilules oestroprogestatives est plus que compensée par la part des cancers évités. Elles affichent en effet un net effet protecteur en prévenant 0,6% des diagnostics de cancer (1174 cas) et 0,8% des décès par cancer (577 décès). Quant aux traitements oestroprogestatifs de la ménopause, ils seraient responsables de 0,4% des cancers du sein chez les 45-69 ans (11 cas, 8 décès). Les auteurs de l’étude soulignent que ces évaluations se recoupent avec celles réalisées au Royaume-Uni mais elles sont plus basses que celles figurant dans la dernière étude française (publiée en 2009), ce qu’ils expliquent notamment par des différences dans les méthodes utilisées.